Poetica, des poèmes d’avenir, du présent, du passé...


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Sélection : poèmes à la une

Images

Jean-Pierre Villebramar
Said Baalbaki, Valises, 2006, Barjeel Art Foundation Collection
Said Baalbaki, Valises, 2006, Barjeel Art Foundation Collection

« Hoy, como nunca, me enamoras… »
Ramon Lopez Velarde (Mexique)

J’ai posé mes valises au bout d’un long chemin,
me restent les images
de soirs, de nuits pas toujours sages

Si vides les valises, mais dans le coeur
une chaleur
une douceur

Les Terres d’Aragon et de vieilles églises,
des grains de sable blond
au fond

Et toujours c’est le ciel et ce pays d’Espagne
aride,
des nuits dans de vieilles ruelles
avec des restaurants, des paellas,
et à Séville,
la manzanille

J’ai posé mes valises, me reste l’océan
le cap Ferret la dune blonde

J’ai posé mes valises, mais ce n’est pas,
la fin du monde…

Villebramar, 2025

Sélection : poèmes à la une

Chaleur estivale

Sybille Rembard

Sur la plage le parasol fermé pointe au firmament
Ma langue savoure les grains de sel sur mes lèvres moites
Mes pieds s’enfoncent dans le sable chaud
Le sommeil me guette
Le rêve m’attend
Le soleil grandit l’éternité de mes pensées.
Je répète jusqu’à l’hallucination les vers que tu as écrits pour moi,
une nuit à côté des étoiles.
Sous l’astre de l’été
je revis notre amour : colonne ivre du temple de l’éternité
Les saisons se succèdent
Et moi
je crois encore aux feux d’artifices.

Sybille Rembard, Beauté fractionnée, 2002

Sélection : poèmes à la une

Eté

Kamal Zerdoumi

La mer
à la robe bruissante de bleu
pose l’émeraude de son regard
sur le carrosse d’or éphémère
qui nous attend
passants lumineux
pour un voyage insouciant
dans la saison
où la royauté
privilège du mystère
est maintenant une couronne solaire
posée
sur nos vies humbles

Kamal Zerdoumi

Sélection : poèmes à la une

Vincent

Adrien Benistant

Je t’écris face au miroir
Mon frère
Où je vois mon reflet
Où je vois ton visage
Je porte dans mon cœur
Mon frère
De communes images
Nos destins ricochant
Sur nos vies, ces nuages
Je rends un hommage
Mon frère
A ces instants éternels
Où se fige l’amitié
Où se figent nos regards
Je vis dans l’espoir
Mon frère
De partager une rencontre
Des histoires sans mots
Des mots sans histoire

Adrien Benistant

Sélection : poèmes à la une

Envie

Murièle Camac

Il y a des jours où ça me prend
la poésie
l’envie d’écrire un poème
envie envie envie
je suis là
j’attends des mots un rythme
j’attends un signe du monde
monde indique-moi donc ça
je suis là je cherche
dedans dehors
où est le signe il doit bien y en avoir un
un son un souvenir de rêve un mouvement

j’attends dans le monde le signe
comme la sainte dans sa cellule
attend son ange
ou comme l’enfant sur son pot
attend que ça sorte
c’est sûr ce n’est pas la même chose
si ça vient de l’ange ou de l’intestin
extase ou déjection
m’en fous je veux juste un poème
que ça monte ou que ça descende

Murièle Camac, Regarder vivre, 2016

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Demain la paix

Jean-Marc Chanel

Combien de temps encor nous faut-il endurer
le froid, le noir, la soif, la faim, les destructions,
les blessés et les morts : la folie de la guerre
où les innocents paient pour les commanditaires.

Ayant dû quitter femme et puis prendre fusil,
je traîne une âme en peine au milieu des combats.
Comment me résoudre à tuer le moindre frère ?
Ne le dis à personne, oui ; moi je tire en l’air.

Un jour viendra, et il est proche, où se tairont
les voix des va-t-en-guerre avec tous leurs canons.
A nouveau la justice embrassera la paix.

Mains tendues par-dessus les barbelés de haine,
l’agresseur comprendra que l’agressé d’hier
ne fut jamais qu’un malheureux bouc-émissaire.

Jean-Marc Chanel

Sélection : poèmes à la une

De là-bas

Grégory Rateau

J’ai appris de vos préaux, de la peinture écaillée, des fonds de couloir, des jupes trop longues.
J’ai appris à faire mentir la nuque, les rires parfois faisaient le détour.
J’ai appris à prendre l’horizon pour cible comptant simplement à rebours. Rivé aux sonneries du départ, les adultes n’y comprenaient goutte : ils notaient mes feuillets sans trop rien déchiffrer.
J’ai appris le sacrifice des heures où le soleil lui poursuivait sa route, pénard, loin de vos encriers.
Assis là en position d’attaque, j’apprends toujours…

Grégory Rateau, 2024