Je ne vis que pour rompre un à un les fils invisibles qui me font dépendance, je ne vis que pour me détacher et aborder le voyage cosmique de la mort.
Myriam Montoya, Vengo de la noche, Fugas
Tôt ce matin le tressaillement des vivants nous a réveillés, et nous avons souri au soleil.
Puis sont venues les longues pluies de l’Atlantique, le crépitement des larmes sur les graviers de l’allée, et nous nous sommes réjouis de nos demeures.
Nous entendions les chansons d’amour par dessus les hauts murs.
D’autres coeurs battants, réveillant les nôtres.
Les lignes des peupliers nous disaient la fin du chemin,
le rire des enfants, son début.
***
Nous sommes les gardiens de la terre, les Veilleurs de nuits immobiles
Nous sommes les regardeurs d’étoiles
Les contempleurs d’aurores les délégataires d’arcs en ciels.
Nous sommes les souvenirs d’amours dormant sous les poussières de très anciennes bibliothèques,
dans la mémoire des vivants,
dans le secret de pénombres tribales.
Nous sommes l’immanence nous sommes l’écume des jours,
l’indéchiffrable mystère de la mort.
L’ Indéchiffrable Mystère de la Vie.
***
Que viennent les temps nouveaux, les temps de cathédrales invisibles
les grandes marées envahiront la terre ; de nouveaux golfes rejoindront les mers
des voies lactées seront les filles de comètes
pluies de feu, joies, pleurs de joies
vertes prairies, mondes en devenir, espoirs de lendemains, à nous l’éternité !
à nous l’éternité, à nous les grandes danses des nuits de Saint Jean
la célébration de vendanges
la fête de vins nouveaux
Nous avons hâte de vous vivre, sabbats des temps passés
quand sur la pierre sacrificielle, les sorcières
célébraient les Noces de la Lune.
Villebramar, 2014