Sans rancune

Paul Eluard

Larmes des yeux, les malheurs des malheureux.
Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs.
Il ne demande rien, il n’est pas insensible,
Il est triste en prison et triste s’il est libre.
Il fait un triste temps, il fait une nuit noire
À ne pas mettre un aveugle dehors. Les forts
Sont assis, les faibles tiennent le pouvoir
Et le roi est debout près de la reine assise.
Sourires et soupirs, des injures pourrissent
Dans la bouche des muets et dans les yeux des lâches.
Ne prenez rien: ceci brûle, cela flambe!
Vos mains sont faites pour vos poches et vos fronts.
* * * * *
Une ombre…
Toute l’infortune du monde
Et mon amour dessus
Comme une bête nue.

Paul Eluard, Capitale de la douleur, Mourir de na pas mourir, 1926

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