A la grande chartreuse

Alphonse de Lamartine

Jéhova de la terre a consacré les cimes ;
Elles sont de ses pas le divin marchepied,
C’est là qu’environné de ses foudres sublimes
Il vole, il descend, il s’assied.

Sina, l’Olympe même, en conservent la trace ;
L’Oreb, en tressaillant, s’inclina sous ses pas ;
Thor entendit sa voix, Gelboé vit sa face;
Golgotha pleura son trépas.

Dieu que l’Hébron connait, Dieu que Cédar adore,
Ta gloire à ces rochers jadis se dévoila;
Sur le sommet des monts nous te cherchons encore;
Seigneur, réponds-nous ! es-tu là ?

Paisibles habitants de ces saintes retraites,
Comme l’ont entendu les guides d’Israël,
Dans le calme des nuits, des hauteurs où vous êtes
N’entendez-vous donc rien du ciel ?

Ne voyez-vous jamais les divines phalanges
Sur vos dômes sacrés descendre et se pencher ?
N’entendez-vous jamais des doux concerts des anges
Retentir l’écho du rocher ?

Quoi ! l’âme en vain regarde, aspire, implore, écoute ;
Entre le ciel et nous, est-il un mur d’airain ?
Vos yeux, toujours levés vers la céleste voûte,
Vos yeux sont-ils levés en vain ?

Pour s’élancer, Seigneur, où ta voix les appelle,
Les astres de la nuit ont des chars de saphirs,
Pour s’élever à toi, l’aigle au moins a son aile;
Nous n’avons rien que nos soupirs !

Que la voix de tes saints s’élève et te désarme,
La prière du juste est l’encens des mortels ;
Et nous, pêcheurs, passons: nous n’avons qu’une larme
A répandre sur tes autels.

Alphonse de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques

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13 commentaires sur “A la grande chartreuse”

  1. Jihelgé

    dit :

    Lamartine homme d’état de la seconde république et non des moindre puisque c’est lui qui proclama la seconde république de 1848. Il était Franc-Maçon et donc quelqu’un très au fait de la portée symbolique des mots. Qu’il fasse un poème laïc sur dieu n’a rien d’étonnant car être laïc n’interdit pas de croire et d’avoir la foi. Ce poème est une prière absolument géniale écoutez le :

    « Dieu que l’Hébron connait, Dieu que Cédar adore,
    Ta gloire à ces rochers jadis se dévoila;
    Sur le sommet des monts nous te cherchons encore;
    Seigneur, réponds-nous ! es-tu là ? »

    Le voici implorant Dieu : « es-tu là ? »

    J’adore. j’espère avoir un peu éclairé certaines questions que j’ai lues ci-dessus. un Frère poète

  2. Roger Berlioz

    dit :

    De Lamartine est sublime dans ses poemes mais helas il n’a pas decouvert Dieu qui est partout: en soi, dans la nature, dans tout l’univers. Seul par la meditation on peut communier avec Dieu et tout l’univers.

  3. Marat

    dit :

    Je vois que notre Maître ,aime confondre Jehova,Thor et les autres…C’est plus qu’un mec catholique sois-en paganisme…? C’est du grec ou latin …?

  4. Heurtrejean

    dit :

    Demande-moi quelle est la pire chose que l’on trouve dans la poésie et je dirai des lignes qui commencent avec « Quoi ! »

  5. Jean-Baptiste MEHOU LOKO

    dit :

    Plus qu’un poème, un hymne à la Grandeur divine…

  6. Jean-Mich

    dit :

    Il s’agit d’une oeuvre du juillet 1772.

  7. Jean-Mich

    dit :

    Quelle magnifique oeuvre d’art.

  8. Question

    dit :

    Quelle date ?

  9. wayke

    dit :

    C’est bizzarre, je rélève des éléments du mouvement symboliste dans le poème, au niveau du thème entre-autres, mais Lamartine est associé au romantisme. Il est mort dans la période où est né le symbolisme, mais il n’est dit nulle part que Lamartine a été influencé par Baudelaire. Est-ce qu’on peut quand même dire que ce poème est en partie semblable aux poèmes de mouvements symbolistes?

  10. benoit

    dit :

    ce poème est superbe , et vu que je doit faire un exposée sur les poèmes je vais le prendre

  11. Bioutifool

    dit :

    Tout mes compliments au créateur de ce poème. Son sens et sa réalité m’ont enormément touchés 🙂

  12. chris

    dit :

    Merveilleux ce que vous avez écrit Mr De Lamartine et tellement bien observé !
    Que l’homme se réveille de sa torpeur, pour louer son créateur!

  13. Bruissement

    dit :

    la splendeur de la nature et la grandeur de l’âme, par ce beau poème, affleurent à la conscience

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