Grimper à l’arbre tendre

Maëlle Ranoux

L’heure a sonné de cesser de sommeiller.
De s’emmêler.
Il a fini par venir ce moment du réveil.
Un rêve, des ailes.

Et je goûte la fatigue immense du convalescent.
Combat, naissant, laissant,
Lentement, place.
Le convalescent lent,
La convalescente lasse.

Et je me lève malgré tout, malgré toujours, maugréant encore.
Je vais tirer sur ces fatigues jusqu’à les épuiser tout à fait.
Puiser, pincer, secouer, défait, tout est défait.

Il n’y a pas de défaite dans la tension pour s’accomplir.
Pas de défaite, faites-moi de la place
Je peux m’accroupir,
Si nécessaire.

Si nécessaire effort pour se lever et rester,
Debout,
V
E
R
T
I
C
A
L
E
.
Cale-moi le pied,
Je peux tenir.
Je peux
Avec le temps, le temps des lents,
J’en suis.

Sous les mots, sous l’écorce, regardez, venez, touchez !
Ça tient, c’est tendre, c’est fort !
Je peux grimper moi aussi.
Me hisser vraiment
Comme un singe,
Joueur, agile, léger, sûr
Balançant du bout des doigts
Me hisser, moi aussi,
En haut de mon arbre.

J’y serais bien, dans le vent frais,
Ecoutant la mélodie du feuillage libre.
Je répondrais aux oiseaux de passage,
Les nourrirais de quelques larmes, s’il en reste.

Je ne quitterai plus le soleil,
Guettant toute la nuit,
Comme veillant sur un mort.
Chaque matin sera joie,
Renaissance, reine, essence.

Je crois,
Je peux
Moi aussi
Pourquoi pas ?
Pourquoi pas moi ?
A la cime de l’arbre tendre
Qui veille et pourvoit.

Maëlle Ranoux, 2016

Imprimer ce poème

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *