Ferrum est quod amant

François Coppée

À José Maria de Heredia.

Sous les pleurs du jet d’eau qui bruit dans la vasque,
Armide étreint les flancs du héros enchaîné.
Près d’Ares, qui de sang ruisselle, Dioné
Mêle ses fins cheveux aux crins rudes d’un casque

Donc, ô femme, toujours ton caprice fantasque
Aux boucles des brassards s’accroche fasciné.
Ton orgueil, par le glaive absurde dominé,
Tombe aux pieds des pesants pourfendeurs comme un masque.

Si tu t’offres ainsi, lubrique, à ces vainqueurs,
C’est qu’ils ont comme toi versé le sang des cœurs.
C’est que ta lèvre rouge est pareille à des traces

Sanglantes sur l’épée aux sinistres éclairs,
Et que, mieux qu’au miroir, dans l’acier des cuirasses
Tu te plais à mirer tes yeux cruels et clairs.

François Coppée, Poèmes divers, 1869

Imprimer ce poème

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *