Il y a

Guillaume Apollinaire

Il y a des petits ponts épatants
Il y a mon cœur qui bat pour toi
Il y a une femme triste sur la route
Il y a un beau petit cottage dans un jardin
Il y a six soldats qui s’amusent comme des fous
Il y a mes yeux qui cherchent ton image
Il y a un petit bois charmant sur la colline
Et un vieux territorial pisse quand nous passons
Il y a un poète qui rêve au ptit Lou
Il y a un ptit Lou exquis dans ce grand Paris
Il y a une batterie dans une forêt
Il y a un berger qui paît ses moutons
Il y a ma vie qui t’appartient
Il y a mon porte-plume réservoir qui court, qui court
Il y a un rideau de peupliers délicat, délicat
Il y a toute ma vie passée qui est bien passée
Il y a des rues étroites à Menton où nous nous sommes aimés
Il y a une petite fille de Sospel qui fouette ses camarades
Il y a mon fouet de conducteur dans mon sac à avoine
Il y a des wagons belges sur la voie
Il y a mon amour
Il y a toute la vie
Je t’adore

Entre Bar-sur Aube et Troyes, le 5 avril 1915

Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

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4 commentaires sur “Il y a”

  1. Alfredo

    dit :

    À comparer avec l’escroc Goldman pour mesurer le génie d’Apollinaire :

    Il y a
    Du thym, de la bruyère
    Et des bois de pin
    Rien de bien malin
    Il y a Des ruisseaux, des clairières
    Pas de quoi en faire
    Un plat de ce coin
    Il y a des odeurs de menthe
    Et des cheminées
    Et des feux dedans
    Il y a Des jours et des nuits lentes
    Et l’histoire absente
    Banalement

  2. Max

    dit :

    Pour la petite histoire, ce poeme est à l’origine de la chanson « il y a » de Goldman

  3. CouKe Iris

    dit :

    Merci Apollinaire pour ce beau poème

  4. ouisly zaky

    dit :

    Je fais ce poème en 4eme.

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