Les becs de gaz sont presque clos :
Chauffe mon coeur dont les sanglots
S’épanchent dans ton coeur par flots,
Gretchen !
Comme il te dit de mornes choses,
Ce clavecin de mes névroses,
Rythmant le deuil hâtif des roses,
Gretchen !
Prends-moi le front, prends-moi les mains,
Toi, mon trésor de rêves maints
Sur les juvéniles chemins,
Gretchen !
Quand le givre qui s’éternise
Hivernalement s’harmonise
Aux vieilles glaces de Venise,
Gretchen !
Et que nos deux gros chats persans
Montrent des yeux reconnaissants
Près de l’âtre aux feux bruissants,
Gretchen !
Et qu’au frisson de la veillée,
S’élance en tendresse affolée
Vers toi mon âme inconsolée,
Gretchen !
Chauffe mon coeur, dont les sanglots
S’épanchent dans ton coeur par flots.
Les becs de gaz sont presque clos…
Gretchen !
Emile Nelligan
Mais qui était Gretchen! ??
Sa soeur, une femme idéalisée….
Merci d’avance pour votre réponse.
Bien à vous
Magnifique texte: une douceur verlainienne, un chant magnifique et discret, intimiste. Un décor luxueux qui rappelle les palais de Baudelaire. Une pointe « sollicitatrice », maladive et fragile… supplique un peu désabusée en même temps. quel grand poète. Merci, les « grands cousins » de nous offrir en ligne, de si beaux morceaux de belle littérature!