(Les hôtes)
– Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l’auvent,
ouvrez, les gens, je suis le vent,
qui s’habille de feuilles mortes.
– Entrez, monsieur, entrez, le vent,
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent.
– Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s’indéfinise,
dans un brouillard couleur de suie.
– Entrez, la veuve, entrez chez nous,
entrez, la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s’ouvrent pour vous loger chez nous.
– Levez, les gens, la barre en fer,
ouvrez, les gens, je suis la neige,
mon manteau blanc se désagrège
sur les routes du vieil hiver.
– Entrez, la neige, entrez, la dame,
avec vos pétales de lys
et semez-les par le taudis
jusque dans l’âtre où vit la flamme.
Car nous sommes les gens inquiétants
qui habitent le Nord des régions désertes,
qui vous aimons – dites, depuis quels temps ? –
pour les peines que nous avons par vous souffertes.
Emile Verhaeren
C’est un beau poème. Le vent, la pluie, la neige ! Mais ou est le soleil ? Surement dans l’esprit des gens qui habitent le nord et qui ouvrent leurs portes à l’étranger qu’il soit vêtue de vent de pluie ou de neige. il y a toujours un peu de souffrance d’aller vers l’autre et de faire de l’autre son égal et finalement d’aimé celui qui a fait un long voyage pour nous atteindre.
J’ai 57 ans, j’ai étudié le français dans une école en Ukraine. Je ne me souviens presque de rien du français, mais je me souviens encore de ce poème, que j’ai appris à l’âge de 15 ans.
J’ai appris par cœur un morceau de cette poésie vers 1960, à l’Alliance Française à Mercedes, Uruguay. Je me souviens toujours de Mme Braye, notre institutrice.
J’ai 74 ans, je viens de taper sur mon clavier « Ouvrez les gens, je suis la neige… » et immédiatement s’est affiché le poème dans son intégralité. J’avis appris ça en 56, je m’en souviens encore.
Très beau poème. Instituteur, je faisais apprendre à mes élèves du CE1 les deux premières strophes effectivement. J’espère que les beaux textes ont encore leur place à l’école.
Je suis française et j’ai appris en primaire un poème de Verhaeren, peut-être celui-ci. Le nom m’est resté parce qu’il ne sonnait pas français. J’ai appris les deux premières strophes à mon petit-fils qui est belge. Est-ce qu’on apprend encore des poésies à l’école ? La femme du peintre Van Rysselberghe et Verhaeren ont vécu un amour platonique qu’elle a joliment décrit dans un livre.
Je ressens que c’est comme si le vent pouvait me parler, j’aime beaucoup cette poésie et je vais l’apprendre très vite. J’espère que la maitresse ne va pas voir que j’ai oublié mon cahier. Bravo Émile Verhaerem
Ma première poésie en maternelle il y a bien longtemps
J’ai adoré, c’est un grand maître de la poésie belge, que ton œuvre vive pour toujours.
J’adore cette poésie! Car il y a beaucoup de sentiments! Et… je les recherchais sur Internet, pour l’apprendre. Car j’ai oublié mon cahier pour l’apprendre! Et je trouve que la maitresse a fait un bon choix de la choisir! Bravo maitresse! Et Emile Verearen, j’adore la poésie que tu as composé ! (Pour le nom de l’auteur… Je crois que je me suis trompée :/ ) Et les sentiments que j’ai reconnus dans cette poésie sont : l’amour, la sensibilité, la tristesse ! Et peut-être d’autres sentiments que j’ai oubliés! Mais merci encore, Emile 😉
Quelle finesse de retranscrire l’émotion due à ce qu’il voit par la simplicité. C’est un homme qui ressent le plaisir et la douleur qui ne saurait quoi retrancher. Avec un banal mot rempli on peut dire plus de chose qu’avec un discours de mots complexes. Ce poème rejoint la tempête de Jules Verne.
J’aime beaucoup ce poème.
qu’il fait bon vivre ! Mélange de maux et de bonheur.