La dépouille

Didier Sicchia

Pensive ingénue, devinez-vous ma dépouille
Dans la glèbe épaisse et la racine profonde
Encore l’obscur anathème et la grenouille
Qui coasse sordide sous la lune blonde ?

Rien – aucun cénotaphe ou de marbrées gargouilles
Afin de rappeler à l’âme vagabonde
Que sous son pas léger se consument mes trouilles,
L’intestin, le coeur et ma cervelle faconde.

Dans l’infortune de ces chênaies éclatantes,
Je repose sous la feuille morte et la menthe.

Mon alanguie décomposition corporelle
Engendre tant d’humus que le sol nourricier
Se gave de mes chairs, de mon sang supplicié
Et exalte ces bois de mille fleurs nouvelles.

Didier Sicchia, La rhétorique de l’ineffable, 2010

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