Sur le balcon

Paul Verlaine

Toutes deux regardaient s’enfuir les hirondelles :
L’une pâle aux cheveux de jais, et l’autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d’elles.

Et toutes deux, avec des langueurs d’asphodèles,
Tandis qu’au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l’émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des coeurs fidèles,

Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.

Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrames
Et plein d’odeurs, le Lit, défait, s’ouvrait dans l’ombre.

Paul Verlaine, Parallèlement

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Un commentaire sur “Sur le balcon”

  1. Bertrand Maurer

    dit :

    Avec « Pensionnaires » et « Per Amica Silentia », 2 poèmes qui le suivent, ce poème, d’une sensualité affolante, est un régal. Que ne donnerai-je pour avoir rencontré Adeline et Claire… J’adore.

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