Les guetteurs

Louise Ackermann

Restons ici chez nous ; voici toutes nos roses,
Notre soleil, notre ombre et nos arbres en fleurs,
Et toutes les odeurs, et toutes les couleurs,
Et toutes les douceurs que l’été nous propose.

Puis, voici la maison claire et pleine de soins,
Ses doux meubles, ses couches molles,
Et ses lampes du soir et ses fleurs dans les coins,
Et ses livres qui sont des hôtes sans paroles.

Or, parmi tout cela, tenons-nous par la main
Et parlons bas auprès des portes,
Car, aux fentes, malgré nos serrures si fortes,
Luit le phosphorescent, l’affreux regard humain…

Ah ! qui nous avait dit que l’âme était divine ?
Il y a les haineux, il y a les jaloux,
Il y a… Tiens-moi bien sur ta forte poitrine
Voici les loups ! Voici les loups !…

Lucie Delarue-Mardrus, Horizons, Tendresses, 1904

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