Un chant dans une nuit sans air…
— La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
… Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif…
— Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre…
— Un crapaud ! — Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue… — Horreur ! —
… Il chante. — Horreur !! — Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière…
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Bonsoir — ce crapaud-là c’est moi.
(Ce soir, 20 Juillet.)
Tristan Corbière, Les Amours jaunes (Editions Glady Frères, Paris), 1873
Le poème se veut révélateur de la singularité du poète dans une société où il est souvent incompris. L’animalisation sous forme d’un crapaud est volontairement provocatrice. Animal à sang froid comme le serpent, arborant deux couleurs dévalorisantes à savoir le jaune et le vert , il appartient traditionnellement au bestiaire maléfique. Ici,il incarne le rejet d’une société à l’encontre d’un être dont l’altérité manifeste n’est pas acceptée.
Rossignol de la boue.. magnifique oxymore…
Cela ne reflète pas les valeurs françaises, manque de clarté