Le sourd et l’aveugle

Paul Eluard

Gagnerons-nous la mer avec des cloches
Dans nos poches, avec le bruit de la mer
Dans la mer, ou bien serons-nous les porteurs
D’une eau plus pure et silencieuse?

L’eau se frottant les mains aiguise des couteaux
Les guerriers ont trouvé leurs armes dans les flots
Et le bruit de leurs coups est semblable à celui
Des rochers défonçant dans la nuit les bateaux.

C’est la tempête et le tonnerre. Pourquoi pas le silence
Du déluge, car nous avons en nous tout l’espace rêvé
Pour le plus grand silence et nous respirerons
Comme le vent des mers terribles, comme le vent

Qui rampe lentement sur tous les horizons.

Paul Eluard, Capitale de la douleur, Mourir de na pas mourir, 1926

Imprimer ce poème

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *