Première soirée

Arthur Rimbaud

Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

– Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, – mouche au rosier.

– Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.

Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
– La première audace permise,
Le rire feignait de punir !

– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
– Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh ! c’est encor mieux !

Monsieur, j’ai deux mots à te dire… »
– Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien…

– Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Arthur Rimbaud
Cahiers de Douai, 1870

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35 commentaires sur “Première soirée”

  1. Mme Wuest

    dit :

    J’ai fabriqué un enfant sur ce poème. J’adore !

  2. Hugo

    dit :

    J’adore les commentaires. Sinon on sait pas si la femme porte toujours quelque chose en haut ou en bas. Mais il a raison la 4eme strophe est superbe ;).

  3. nick…

    dit :

    Trop beau

  4. Theo tiste

    dit :

    Poème incroyablement bien écrit…

  5. kavaspairme

    dit :

    Une excellence pur et dur !

  6. Dénonciateur2Migrant

    dit :

    Ce poème est d’une mélancolie sans nom.

  7. Jade ortabite

    dit :

    Génialissime !

  8. doudou

    dit :

    Cela me rappelle le crane luisant de mon ami Jules avec c’est petite bouclette choupette. Je l’appelais autrefois boucle d’or.

  9. Arkayce

    dit :

    Franchement, Rimbaud fait fort dans ses poèmes. Seulement 16 ans et déjà capable d’écrire de telles strophes. Ici, ce poême vient du recueil « Carnets de Douai » si je ne me trompe pas, et ce recueil est a mes yeux l’un de ses plus « enfantin ». Mais qu’est ce qu’il est beau et plein de douceur. Entre ce poème, bien qu’érotique, Ma bohème, Au cabaret vert, et bien d’autre encore, Rimbaud a su capter l’essence même de la vie de poète et nous le retranscrire. Bravo

  10. Kim Jongun

    dit :

    Un vrais banger

  11. vivytlair

    dit :

    Le cochon…

  12. SMG

    dit :

    Les champs de blé me manquent…

  13. Smeg mha

    dit :

    Pure masterclass

  14. Arracheur2kippa

    dit :

    Wow, vraiment Incroyable !!!

  15. Antonio De Genesti

    dit :

    C’était avant ou après qu’il se lance dans le trafic d’armes en Abyssinie ?

  16. Maxou Chassat

    dit :

    Je trouve que ce poème est très romantique malgré le flou présent sur le consentement de la jeune fille. L’envie de Rimbaud malgré son jeune âge d’exprimer la sensualité est très bien réalisée, les nombreux baisers même sur les pieds mettent dans l’ambiance

  17. Terson Alvarez

    dit :

    Que c’est beau ! J’aime la quatrième strophe.

  18. Jade horlesenfants

    dit :

    Je ne me sens pas représenté dans ce poème

  19. D’ante Phesse

    dit :

    Poème très mauvais. Vocabulairement très vulgaire.

  20. Tonton H

    dit :

    Cela ne reflète pas mas vie 🙁

  21. Breaud

    dit :

    Salut, j’ai un doute quant au consentement de la jeune femme dans ce poème. Quelqu’un pour m’éclairer?

  22. Pierre louis germain

    dit :

    J’adore

  23. edrick

    dit :

    Un poeme de farfadet malicieux remplie de malices et d’espieglerie féerique

  24. izambard

    dit :

    Très beau poème, qui reflète parfaitement ma vie actuelle.

  25. Brigitte macron

    dit :

    Emmanuel que fais-tu à lire ce genre de poème ? Je ne t’en donne pas suffisamment à la maison ?

  26. Emmanuel Macron

    dit :

    Poème très drôle, j’ai les larme aux yeux. Mais quel comique ce petit Molière.

  27. Yves Leclerc

    dit :

    Personne ne semble porter attention à l’importance du rôle que jouent « les grands arbres indiscrets » penchés à l’extérieur; ces voyeurs silencieux, passifs mais « malinement » omniprésents (du début à la fin, ils encadrent toute la scène) donnent au poème une charge érotique qui contraste explicitement avec l’innocence presque enfantine du tableau untimiste.

  28. p’tit lion

    dit :

    Amour de poème PURement platonique.

  29. Pascal

    dit :

    Les “analyses” scolaires veulent souvent voir dans le « mièvre » du mépris, le prenant dans son sens péjoratif actuel de « fade ». Faire croire qu’Arthur partage leur dédain pour le genre feminin semble plaire à ces commentateurs. Mais ce « mièvre » là ne va ni avec la complicité que le poème nous fait partager, ni avec le «féminisme » souvent témoigné par Rimbaud comme dans cette fameuse lettre : « Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme, – jusqu’ici abominable, – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres? – Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. ».
    Alors, que voulait dire Arthur avec son mièvre en 1870 ?
    Grace aux infos donnés par le lexicographe du CNRS: tout s’arrange!
    MIEVRE
    A. − Vieilli, fam. [En parlant d’un enfant] Qui est vif, espiègle; qui a de la vitalité, une gaieté malicieuse. Elle est si gentille [cette enfant de six ans] (…) et si espiègle,si mièvre, comme on disait de mon temps! (Richepin,Miarka,1883, p.113).
    − P. anal., en emploi subst. Eh! oui, vraiment, c’est cette mièvre effrontée de chevrette de montagne, qui rôdoit toujours avec ses petits autour de mon champ (Nodier,Fée Miettes,1831, p.38).
    B. − Qui est puéril; p.ext., qui n’a pas d’intensité, qui manque de force, de netteté, de puissance, de naturel; qui est fade, affecté.
    Donc : jusqu’en 1880 1890, mièvre voulait dire : « vif, malicieux, espiègle »!!
    Avouer que ca va bien mieux avec le ton de partage et de complicité entre les amants du poème, non?: « (Espiègle), elle jeta sa tête malicieuse / en arrière » (même si la rime disparaît !)

  30. audrey chiasson

    dit :

    Ce poème érotique est bien. Il est très sensuel.

  31. alain Sunyol. Alias Alsun.

    dit :

    C’est mignon bien sûr; c’est certainement érotique. Les deux, car c’est innocent.
    Fi de la pureté et de sa pruderie: la jeunesse est innocente.

  32. Lina

    dit :

    Ce n’est pas mignon, c’est érotique, nuance.

  33. lOu

    dit :

    oui… 1 prince assis dans le desert… qui boit l’oasis…

  34. DaniilDuFutur

    dit :

    Magnifique du grand Rimbaud

  35. oncle Bob

    dit :

    C’est mignon.

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