L’invention

Paul Eluard

La droite laisse couler du sable.
Toutes les transformations sont possibles.
Loin, le soleil aiguise sur les pierres sa hâte d’en finir.
La description du paysage importe peu,
Tout juste l’agréable durée des moissons.
Clair avec mes deux yeux,
Comme l’eau et le feu.
* * * * *
Quel est le rôle de la racine?
Le désespoir a rompu tous ses liens
Et porte les mains à sa tête.
Un sept, un quatre, un deux, un un.
Cent femmes dans la rue
Que je ne verrai plus.
* * * * *
L’art d’aimer, l’art libéral, l’art de bien mourir, l’art de penser, l’art incohérent, l’art de fumer, l’art de jouir, l’art du moyen-âge, l’art décoratif, l’art de raisonner, l’art de bien raisonner, l’art poétique, l’art mécanique, l’art érotique, l’art d’être grand-père, l’art de la danse, l’art de voir, l’art d’agrément, l’art de caresser, l’art japonais, l’art de jouer, l’art de manger, l’art de torturer.

* * * * *
Je n’ai pourtant jamais trouvé ce que j’écris dans ce que j’aime.

Paul Eluard, Capitale de la douleur, Répétitions, 1926

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1 commentaires sur “L’invention”

  1. Raïssa Kim

    dit :

    J’aimerais avoir la quintessence de ce poème stp

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