La Vie antérieure

Charles Baudelaire

J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

Imprimer ce poème

4 commentaires sur “La Vie antérieure”

  1. BNSF

    dit :

    Ce type là ne boit pas que de l’eau !…

  2. anonyme

    dit :

    Commence comme dans un rêve harmonieux pour finir dans la douleur.

  3. Anne Marie Barbaron

    dit :

    Depuis ma jeunesse, ce poème a toujours résonné dans mon cœur, comme une nostalgie.

  4. 974Salomé

    dit :

    Vive la Réunion !!! l’auteur décrit l’île comme un paradis et il a raison!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *