Citadelle de la douleur

Jean-Pierre Villebramar

« ma douleur, comme un peu de soleil dans l’eau froide »
Paul Eluard, Capitale de la douleur

à M…

Citadelle de ma douleur, ma Citadelle,
je me suis approché de toi en agitant de loin les bras,

mes bras de bonheur pour embrasser
mes mains de joie pour caresser
mes larmes pour te voir à travers le miroir d’Alice

Citadelle de ma douleur,
je te connais, tu me connus,
où sont les gardes ? Appelle-les, dis-leur :
« Gardes, Il est revenu ».

Mais nul, nul au donjon, personne à la poterne
et toi derrière les hauts murs, seule, devant la grande cheminée
telle étais-tu déjà, attendant

des portes que je sus ouvrir, ma Citadelle…

Sous les hauts murs passent les pèlerins, en route
vers Saint Jacques de Compostelle,
et il fait froid et il fait gris et le brouillard, oh ce brouillard, ma Citadelle

Me suis assis sous tes hauts murs, et attendu,
froid le brouillard, ô oui, si froid,
ma Citadelle

Villebramar, Poèmes Noirs, 2020

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