Quand j’étais Russe, il m’arrivait
de m’appeler Katia, Masha, Tania.
J’avais une niania,
une baba, tout ce qui chante en « a »
dans les noms russes.
Dans notre isba
Notre-Dame de Portchaïef luisait
comme une étoile et dehors les étoiles
luisaient comme la mosaïque
de notre église à Pâques.
Et sur la terre pâle
de sa pâleur de neige ou rouge
de ses coquelicots, courait comme le vent
mon beau petit cheval de Sibérie.
Traîneaux, bateaux, troupeaux, blanche et rouge Russie,
danses, musique de chez moi, quand j’étais Russe…
Pouvoir de tant souffrir, d’être si vieux, si jeune,
de faire un geste de la main sans pleur ni cri.
J’avais de longues tresses blondes
comme aujourd’hui.
Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)