À une jeune fille

Victor Hugo

Pourquoi te plaindre, tendre fille ?
Tes jours n’appartiennent-ils pas à la première jeunesse ?

Daïno Lithuanien

Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle,
Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs,
Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle,
Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie !
Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,
Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
Comme un alcyon sur les mers.

Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !
Jouissez du matin, jouissez du printemps ;
Vos heures sont des fleurs l’une à l’autre enlacées ;
Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.

Laissez venir les ans ! le destin vous dévoue,
Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,
À ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue,
À ces plaisirs qui font pitié.

Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance
Riez ! n’attristez pas votre front gracieux,
Votre oeil d’azur, miroir de paix et d’innocence,
Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux !

Février 1825

Victor Hugo, Odes et ballades, 1826

Imprimer ce poème

4 commentaires sur “À une jeune fille”

  1. Anonyme ;)

    dit :

    Merci.

  2. Sandra

    dit :

    Un magnifique poème

  3. Nita

    dit :

    La vérité, d’autant plus pertinante aujourd’hui où les enfants sont obligés de courrir aussi vite que les adultes.

  4. Jado le slameur

    dit :

    Excellent poème lénitif et inspirant qui a le désir de rendre serein mais gai au bon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *