L’étranger

Jean-Pierre Villebramar

nous sommes tous des étrangers (“ich bin ein berliner !”)

Les pensionnaires sont tranquilles
le ciel bleu, le vent léger
le couloir donne sur la ville
mais la porte : condamnée !

C’est toujours ainsi qu’ ILS commencent
porte close, puis : le silence

ILS ont condamné la porte
la porte par où tu entrais
ma métisse, mon étrangère,
mon amoureuse, ma si légère…

mais la porte : condamnée !

Les pensionnaires sont tranquilles
le ciel bleu, le vent léger
le couloir donne sur la ville
mais la porte : condamnée !

Ce n’était qu’une porte ouverte
après quoi ce sera, en vrac :
après 22 heures,Dvorjak
faites l’amour mais pas la guerre, Sade, Villon, Apollinaire,
et les blacks !

Sade, Villon, Apollinaire
et les blacks !

Les pensionnaires sont tranquilles
le ciel bleu, le vent léger
le couloir donne sur la ville
mais plus de livres : brûlés !

De la porte ILS ont fait un feu
Auto da fe, autodafé,
on commence toujours par là
brûler les livres ! et le silence.

Marquis de Sade, histoire d’O,
l’Esprit des Lois
une pincée : Sartre, Beauvoir, Camus,
et l’Étranger !

C’est toujours ainsi qu’ ILS commencent

Brûler des livres, les juifs après, puis on observe :

le silence !

Les pensionnaires sont tranquilles
le ciel bleu, le vent léger
le couloir donne sur la ville
mais la porte : condamnée !

Brûler des livres, les juifs après,
Ensuite viendront les arabes ,
avec les blacks, en vrac !

ILS ont enfoncé la porte
tiré dehors les étrangers
Sénégalais, Maliens, Arabes

ne pas faire peur, observer !
on finira plus grand plus tard :
Après !

Les pensionnaires sont tranquilles
le ciel bleu, le vent léger
le couloir donne sur la ville

mais la porte : condamnée !

Villebramar, 2008

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