Sérénité

Esther Granek

Voyez l’ironie du destin :
ils furent ennemis jurés,
refusant de se saluer
et s’accusant d’être gredins.

Mais par un caprice du sort,
ils sont voisins après la mort,
jusqu’à ce que leur manteau de pierre
lui-même se transforme en poussière.

Dans l’alignement couchés bien sages,
ils ont enseveli la rage
qui avait inscrit son passage
en marquant chacun de leurs traits.

Casées dans la paix des cimetières,
sereine et qui ne parle guère,
tant de défuntes inimitiés
longuement vont se côtoyer.

Esther Granek, Portraits et chansons sans retouches, 1976

Imprimer ce poème

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *