L’œil égrillard
Et le sang fou
Et du poil gris un peu partout
Et trop de lard
(mais le niant)
Sera-ce donc là mon portrait
quand viendront me tournebouler
les derniers feux de mon couchant ?
***
Le glandulaire
Et l’hormonal
En moi débridant l’animal
Dont je suis fier
(suprêmement)
Sera-ce donc là mon portrait
quand viendront me tournebouler
les derniers feux de mon couchant ?
***
Ardeurs. Chaleurs.
Moult canicules.
Sans souci d’aucun ridicule :
Brusques verdeurs !
Déferlements !
Sera-ce donc là mon portrait
quand viendront me tournebouler
les derniers feux de mon couchant ?
***
Et ce barbon
En devenir
Rêvant de pucelles à s’offrir
D’âge mignon Cela s’entend
Sera-ce donc là mon portrait
quand viendront me tournebouler
les derniers feux de mon couchant ?
***
Puis cet effroi
Qui vous tenaille
Devinant qu’en ce feu de paille
S’éteint déjà
La fin d’un temps
Sera-ce donc là mon portrait
quand viendront me tournebouler…
Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981