Tarentelle d’automne

Emile Nelligan

Vois-tu près des cohortes bovines
Choir les feuilles dans les ravines,
Dans les ravines ?

Vois-tu sur le côteau des années
Choir mes illusions fanées,
Toutes fanées ?

Avec quelles rageuses prestesses
Court la bise de nos tristesses,
De mes tristesses !

Vois-tu près des cohortes bovines,
Choir les feuilles dans les ravines
Dans les ravines ?

Ma sérénade d’octobre enfle une
Funéraire voix à la lune,
Au clair de lune.

Avec quelles rageuses prestesses
Court la bise de nos tristesses,
De mes tristesses !

Le doguet bondit dans la vallée.
Allons-nous-en par cette allée,
La morne allée !

Ma sérénade d’octobre enfle une
Funéraire voix à la lune,
Au clair de lune.

On dirait que chaque arbre divorce
Avec sa feuille et son écorce,
Sa vieille écorce.

Ah ! Vois sur la pente des années
Choir mes illusions fanées,
Toutes fanées !

Emile Nelligan, Virgiliennes

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