Le Baiser

Anna de Noailles

Couples fervents et doux, ô troupe printanière !
Aimez au gré des jours.
— Tout, l’ombre, la chanson, le parfum, la lumière
Noue et dénoue l’amour.

Épuisez, cependant que vous êtes fidèles,
La chaude déraison,
Vous ne garderez pas vos amours éternelles
Jusqu’à l’autre saison.

Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches
A de moins brusques bonds
Que le désir qui fait que les êtres se penchent
L’un vers l’autre et s’en vont.

Les frôlements légers des eaux et de la terre,
Les blés qui vont mûrir,
La douleur et la mort sont moins involontaires
Que le choix du désir.

Joyeux, dans les jardins où l’été vert s’étale
Vous passez en riant,
Mais les doigts enlacés, ainsi que des pétales
Iront se défeuillant.

Les yeux dont les regards dansent comme une abeille
Et tissent des rayons,
Ne se transmettront plus d’une ferveur pareille
Le miel et l’aiguillon,

Les cœurs ne prendront plus comme deux tourterelles
L’harmonieux essor,
Vos âmes, âprement, vont s’apaiser entre elles,
C’est l’amour et la mort…

Anna de Noailles, Le Cœur innombrable, 1901

Imprimer ce poème

1 commentaires sur “Le Baiser”

  1. Canuel

    dit :

    De tes baisers
    Je veux en mourir
    Le temps s’arrête
    Il faut que tu le sache
    Je te désire, tu me fait tant de bien
    Tes doigts dans mes cheveux
    M’embrassant ma bouche, mon cou
    C’est si bon !
    Un bémol je suis folle de toi.
    Cd

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *