Il m’en souvient, c’était aux plages
Où m’attire un ciel du midi,
Ciel sans souillure et sans orages,
Où j’aspirais sous les feuillages
Les parfums d’un air attiédi.
Une mer qu’aucun bord n’arrête
S’étendait bleue à l’horizon ;
L’oranger, cet arbre de fête,
Neigeait par moments sur ma tête ;
Des odeurs montaient du gazon.
Tu croissais près d’une colonne
D’un temple écrasé par le temps ;
Tu lui faisais une couronne,
Tu parais son tronc monotone
Avec tes chapiteaux flottants ;
Fleur qui décores la ruine
Sans un regard pour t’admirer !
Je cueillis ta blanche étamine,
Et j’emportai sur ma poitrine
Tes parfums pour les respirer.
Aujourd’hui, ciel, temple et rivage,
Tout a disparu sans retour :
Ton parfum est dans le nuage,
Et je trouve, en tournant la page,
La trace morte d’un beau jour !
1827, Vingt-hutième méditation
Alphonse de Lamartine, Œuvres complètes de Lamartine (1860), Tome 1
Comme l’impression d’être seul, au bord de la mer, près d’une ruine en Grèce. Et viennent les regrets….?
J’aime la composition de ce poème.
Ce poème a un effet de solitude. J’aime bien et cela caractérise des moments de ma vie que je ne retrouve plus.
Très inspirant et profond. Beaucoup de souvenirs me reviennent en lisant ce poème.