On dit que tous les chemins mènent à Rome,
je dis que chaque chemin s’envoie en l’air
il faut bien qu’ils s’amusent aussi, bonhommes
à feindre l’orgasme demain mais surtout hier
tortueux et sinueux ils lancent des ficelles
qu’on suit ou pas qu’on dicte ou non et
tentés de se teindre de se maquiller de rimmel
poussent le vrai aux fonds étiolés
ils prennent parfois le métro seuls comme des grands
parlant aux gens sérieux et aux filles écarlates
aux gamins pleurnichards aux vieux de cent ans
et se fixent juste là au dessus des omoplates
les chemins s’achètent se vendent et s’échangent
à la foire du mercredi au marché aux puces
objets vaporeux suintant comme des servantes
aux yeux mielleux aux yeux de russes
moi même j’en ai acheté plus de mille et un
chemins sentiers bordels aussi, car il en faut
pour s’amuser de même juste un petit instant
embruns et poussières d’ébats, le matin tôt
les chemins riment entre eux et triment
de faire de nous des valeureux
pour que les guerres et les affreux abîmes
ne soient que des petits jeux
ils testent poussent à bout d’une main sévère
dans des pays aux noms exotiques
à prendre l’un d’eux et faire
des tours avec sa clique
les chemins dansent les chemins pleurent
promettent vraiment un lendemain
heureux ou pas l’on ne sait guère
une chose est sure ils seront miens
Vlad Negrescu
Beau poème, quelle est sa date ?