Désir

Renée Vivien

Elle est lasse, après tant d’épuisantes luxures.
Le parfum émané de ses membres meurtris
Est plein du souvenir des lentes meurtrissures.
La débauche a creusé ses yeux bleus assombris.

Et la fièvre des nuits avidement rêvées
Rend plus pâles encor ses pâles cheveux blonds.
Ses attitudes ont des langueurs énervées.
Mais voici que l’Amante aux cruels ongles longs

Soudain la ressaisit, et l’étreint, et l’embrasse
D’une ardeur si sauvage et si douce à la fois,
Que le beau corps brisé s’offre, en demandant grâce,
Dans un râle d’amour, de désirs et d’effrois.

Et le sanglot qui monte avec monotonie,
S’exaspérant enfin de trop de volupté,
Hurle comme l’on hurle aux moments d’agonie,
Sans espoir d’attendrir l’immense surdité.

Puis, l’atroce silence, et l’horreur qu’il apporte,
Le brusque étouffement de la plaintive voix,
Et sur le cou, pareil à quelque tige morte,
Blêmit la marque verte et sinistre des doigts.

Renée Vivien, Cendres et Poussières, 1902

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5 commentaires sur “Désir”

  1. sumin

    dit :

    L’amour détruisant….C’est ouf…

  2. Antje

    dit :

    Ah, mon dieu …mais elle est morte étranglée ???

  3. Léa

    dit :

    Très beau poème, il raconte des choses si érotiques et charnelles de façon si douce et subtile.

  4. Michaut

    dit :

    C’est chaud

  5. Mimi Laura

    dit :

    pas mal du tout !!!!

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