Sonnet morne

Jean Richepin

Il pleut, et le vent vient du nord.
Tout coule. Le firmament crève.
Un bon temps pour noyer son rêve
Dans l’Océan noir de la mort !

Noyons-le. C’est un chien qui mord.
Houp ! lourde pierre et corde brève !
Et nous aurons enfin la trêve,
Le sommeil sans voeu ni remord.

Mais on est lâche ; on se décide
À retarder le suicide ;
On lit ; on bâille ; on fait des vers ;

On écoute, en buvant des litres,
La pluie avec ses ongles verts
Battre la charge sur les vitres.

Jean Richepin, La chanson des gueux

Imprimer ce poème

2 commentaires sur “Sonnet morne”

  1. Gérrare richetemps de Champagne

    dit :

    Beau poème

  2. GABRIEL ANDRE BIGOIN

    dit :

    Comme un noeud insolent au mouchoir d’un rêve…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *