Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
Il serpente, et laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d’une tardive et languissante allure ;
La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule ;
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
A l’heure où toute forme est un spectre confus,
Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit,
L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d’une nuit lactée et violette,
Comme un vase d’argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.
René-François Sully Prudhomme, Les solitudes
J’aime bien ce poème, c’est tout ce que j’ai à dire.
J’adore le reciter lentement en ecoutant « Le cygne » du carnaval des animaux, de Camille Saint Saens, Avec la musique duquel ce poeme s’accorde …magnifiquement.
Puni par le proviseur, en 1958 j’ai eu 1 heure pour l’apprendre, au bout de l’heure impossible d’en sortir un mot.
aujourd’hui il me revient à l’esprit seulement le nom du poète.
C’est mon poème préféré, dommage que l’on dégoûte de la poésie les jeunes en voulant leur faire apprendre par cœur. Le « par cœur » est idiot, un poème ça se lit et ça s’apprécie de cette façon…
Comme Nicole j’ai appris ce merveilleux poème au secondaire et je le sais encore par coeur.
Je hais ce poème. Ma mère me faisait monter sur la table pour le déclamer et depuis je suis traumatisé.
Magnifique poème que j’ai appris en 1959, alors que j’avais 14 ans. Il m’a tant touchée. Merci!
Je dois actuellement apprendre ce poème et je peux vous dire que je ne l’apprécie pas beaucoup…
J’ai 78 ans. C’est un merveilleux poème que je ne me lasse pas de réapprendre encore et encore.
Superbe! J’adore les alexandrins. C’est ma mère qui est en EHPAD qui m’en a parlé. Je vais lui lire pour lui rafraîchir la mémoire.
J’ai appris ce poème en CM2. C’est une splendeur de beauté. Evocation, choix des mots, majesté sereine de l’alexandrin. J’ai 82 ans et je veux le faire apprendre à ma petite-fille de 8 ans. Je m’arrêterai à « Et glisse » . Admirable.
J’ai du l’apprendre par cœur en 10ieme année d’école, au Québec, Canada, j’ai maintenant 72 et je le sais toujours. C’est un poème qui chante la beauté du signe et on peut tout à fait imaginer l’oiseau en lisant ce poème.
Plein d’elegance
Magnifique