Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l’aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d’ombre.
Oh ! qu’ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n’est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu’on nomme l’invisible ;
Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n’est pas vrai qu’elles meurent :
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l’autre côté des tombeaux
Les yeux qu’on ferme voient encore.
René-François Sully Prudhomme, La vie intérieure
Magnifique poème cela me donne des frissons tellement c’est vrai !
Ce poème est le plus beau dont je me souvienne. Hommage à madame Bourgeois, institutrice à l’école Pasteur de Melun.
Grâce à ce poème je suis devenue poétesse… Dans ma jeunesse, j’ai dû l’analyser pour réussir mon examen d’entrée à l’école normale. Que de beaux souvenirs!
Ai découvert dans un florilège, Poèmes d’Amour… C’est magique… Depuis, il me poursuit…
Simplement sublime ! Que d’émotions !
Simplement sublime !
Lu et appris en 5ème, jamais oublié depuis: une merveille d’émotions.
Juste sublime avec son autre poème « le vase brisé »
Beaucoup d’émotion. Ici, l’âme vibre. Ce poète oublié mérite mieux : qu’on le réhabilite. Les ombres conjuguées de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud l’ont écrasé.
J’aime ce poème depuis mon enfance bien lointaine!
Est-il possible d’entendre ce poème sans verser une larme ?