Sur la petite place, au lever de l’aurore,
Le marché rit joyeux, bruyant, multicolore,
Pêle-mêle étalant sur ses tréteaux boiteux
Ses fromages, ses fruits, son miel, ses paniers d’oeufs,
Et, sur la dalle où coule une eau toujours nouvelle,
Ses poissons d’argent clair, qu’une âpre odeur révèle.
Mylène, sa petite Alidé par la main,
Dans la foule se fraie avec peine un chemin,
S’attarde à chaque étal, va, vient, revient, s’arrête,
Aux appels trop pressants parfois tourne la tête,
Soupèse quelque fruit, marchande les primeurs
Ou s’éloigne au milieu d’insolentes clameurs.
L’enfant la suit, heureuse ; elle adore la foule,
Les cris, les grognements, le vent frais, l’eau qui coule,
L’auberge au seuil bruyant, les petits ânes gris,
Et le pavé jonché partout de verts débris.
Mylène a fait son choix de fruits et de légumes ;
Elle ajoute un canard vivant aux belles plumes !
Alidé bat des mains, quand, pour la contenter,
La mère donne enfin son panier à porter.
La charge fait plier son bras, mais déjà fière,
L’enfant part sans rien dire et se cambre en arrière,
Pendant que le canard, discordant prisonnier,
Crie et passe un bec jaune aux treilles du panier.
Albert Samain, Aux flancs du vase
Ce poème, je m’en ressouviens bien. J’ai appris cette récitation il y a bien des années. Quelques vers, par la beauté frappante des images poétiques ( lexique, variation syntaxique, effets stylistiques, assonances et allitérations…) demeurent gravés dans ma mémoire tout autant que le tumulte de la foule qui envahissait l’espace clôturé. Chaque vendredi, qui est jour de marché chez nous à Tabarka, me rappelle, non seulement ce poème où Albert Samain tel un peintre, à travers les figures de styles utilisées, peint scrupuleusement avec les mots, le marché qu’il décrit mais aussi, la célèbre tente de l’Oncle Magid laquelle grouille de clients qui, après le déjeuner, s’y rendent pour prendre un verre de thé pour la plupart. Dans les clameurs, Oncle Magid, un septuagénaire vigilant et actif, les accueille en souriant…
Merci poetica.
Ça me touche beaucoup les années 70/71
J’ai appris cette récitation en 1975 avec mon Maître Directeur de l’EPP DAHOPA-OURÉPA à Gagnoa en République de Côte d’Ivoire. Mon Directeur s’appelait Djédjé Mahilé Jean Paul. J’ai tellement aimé cette récitation qu’aujourd’hui à 64 ans, je connais encore parfaitement les paroles et je la récite à mes enfants. Merci de nous faire revivre ces belles poésies mémorables.
Merci Poetica. Des sons, des odeurs, des souvenirs d’enfance et le bonheur de retrouver cette poésie qui a marqué bon nombre de personnes de ma génération. Je la vois bien Mylene et sa petite fille ou bien est-ce moi et maman que je revois dans nos halles bien aimées? Merci encore.
Quel bonheur! Par pur hasard je viens de retrouver la suite de « Perrette et le Pot au lait », j’ai donc essayé avec quelques bribes de phrases la poésie « Le Marché » d’Albert Samain et me revoilà petite fille admirative avec Mylène et sa petite Alide et toute l’atmosphère du marché qui m’éclabousse de ses parfums, de ses éclats de voix et de ses vibrations. Je suis aux anges! Merci Poetica et merci Uncle Google
Une poésie qui évoque le marché, lieu de vie et de découverte pour les parents comme les enfants. Après avoir faits notre marche, quelle fierté d’avoir assouvis ses penchants pour cuisiner des plats alléchants.
Comme d’autres, j’ai retrouvé avec plaisir cette poésie apprise à l’école, sans contrainte. J’aimais les récitations, il m’en reste des bribes que j’apprécie différemment, l’âge passant. Bravo Google, qui a retrouvé titre et poème, à partir de deux vers seulement.
Je suis un homme né en Guadeloupe depuis 73 ans. Cette poésie me hante souvent, et je me surprends la récitant sous la douche, au volant de la voiture, avant de m’endormir, etc.
J’avais oublié le nom de l’auteur. Très heureux de l’avoir retrouvé. Dommage pour les nouveaux jeunes !
Merci Google je connaissais encore des passages mais j’avais oublié la fin notamment… Ainsi que le nom de l’auteur. Un pur moment de bonheur !
J’adore réciter à haute voix les poésies apprises au primaire et au secondaire, c’est un plaisir pour moi que je sois seule ou en compagnie cela me fait beaucoup de bien et la mémoire demeure.
C’est une correspondante, décédée à 95 ans en juillet, qui me l’avait envoyée avec d’autres, je ne connaissais pas Albert Samain, ni sa poésie sur le marché que j’ai recopiée sur mon dernier cahier (le 14ème). J’ai commencé le 1er en 1986.
J’ai 82 ans j’ai appris cette poésie l’école, primaire et m’en souviens encore une belle peinture impressionniste qui apporte encore de l’émerveillement par ces mots justes qui
imprègnent mon esprit de sensations de souvenirs, de vie et de lumière merci à mon institutrice Mlle Vagnon qui exerçait à l école de la table ronde à Vienne dans l’isère.
Soixante ans après l’avoir appris à l’école primaire, je me souviens encore de ce poème et en récite des passages à mes petites-filles … c’est ça la magie de ces poésies qu’on a un peu vite enterrées en milieu scolaire, hélas !
J’ai 86 ans et je me vois encore réciter cette poésie que j’aimais devant ma classe et mon institutrice. Mais j’en avais oublié une bonne partie. Et je suis si contente de l’avoir retrouvée en entier, avec le nom de son auteur que j’avais oublié aussi.
Ouais elle est bien, je la copie pour mon français en troisième.
De mon enfance
et dans mon cœur
des images dansent
de rires, de pleurs
Albert Samain
me tient la main
J’ai appris cette poésie en primaire et à 72 ans je m’en souviens encore! Elle me semble toujours aussi évocatrice des marchés que j’ai connus dans mon enfance… on achetait encore les volailles vivantes!