Sur la petite place, au lever de l’aurore,
Le marché rit joyeux, bruyant, multicolore,
Pêle-mêle étalant sur ses tréteaux boiteux
Ses fromages, ses fruits, son miel, ses paniers d’oeufs,
Et, sur la dalle où coule une eau toujours nouvelle,
Ses poissons d’argent clair, qu’une âpre odeur révèle.
Mylène, sa petite Alidé par la main,
Dans la foule se fraie avec peine un chemin,
S’attarde à chaque étal, va, vient, revient, s’arrête,
Aux appels trop pressants parfois tourne la tête,
Soupèse quelque fruit, marchande les primeurs
Ou s’éloigne au milieu d’insolentes clameurs.
L’enfant la suit, heureuse ; elle adore la foule,
Les cris, les grognements, le vent frais, l’eau qui coule,
L’auberge au seuil bruyant, les petits ânes gris,
Et le pavé jonché partout de verts débris.
Mylène a fait son choix de fruits et de légumes ;
Elle ajoute un canard vivant aux belles plumes !
Alidé bat des mains, quand, pour la contenter,
La mère donne enfin son panier à porter.
La charge fait plier son bras, mais déjà fière,
L’enfant part sans rien dire et se cambre en arrière,
Pendant que le canard, discordant prisonnier,
Crie et passe un bec jaune aux treilles du panier.
Albert Samain, Aux flancs du vase
Merci Google je connaissais encore des passages mais j’avais oublié la fin notamment… Ainsi que le nom de l’auteur. Un pur moment de bonheur !
J’adore réciter à haute voix les poésies apprises au primaire et au secondaire, c’est un plaisir pour moi que je sois seule ou en compagnie cela me fait beaucoup de bien et la mémoire demeure.
C’est une correspondante, décédée à 95 ans en juillet, qui me l’avait envoyée avec d’autres, je ne connaissais pas Albert Samain, ni sa poésie sur le marché que j’ai recopiée sur mon dernier cahier (le 14ème). J’ai commencé le 1er en 1986.
J’ai 82 ans j’ai appris cette poésie l’école, primaire et m’en souviens encore une belle peinture impressionniste qui apporte encore de l’émerveillement par ces mots justes qui
imprègnent mon esprit de sensations de souvenirs, de vie et de lumière merci à mon institutrice Mlle Vagnon qui exerçait à l école de la table ronde à Vienne dans l’isère.
Soixante ans après l’avoir appris à l’école primaire, je me souviens encore de ce poème et en récite des passages à mes petites-filles … c’est ça la magie de ces poésies qu’on a un peu vite enterrées en milieu scolaire, hélas !
J’ai 86 ans et je me vois encore réciter cette poésie que j’aimais devant ma classe et mon institutrice. Mais j’en avais oublié une bonne partie. Et je suis si contente de l’avoir retrouvée en entier, avec le nom de son auteur que j’avais oublié aussi.
Ouais elle est bien, je la copie pour mon français en troisième.
De mon enfance
et dans mon cœur
des images dansent
de rires, de pleurs
Albert Samain
me tient la main
J’ai appris cette poésie en primaire et à 72 ans je m’en souviens encore! Elle me semble toujours aussi évocatrice des marchés que j’ai connus dans mon enfance… on achetait encore les volailles vivantes!