Les Bohémiens

Gaston Couté

Les Bohémiens, les mauvais gas
Se sont am’nés dans leu’ roulotte
Qui geint d’vieillesse et qui cahotte
A la queu’ d’un ch’val qui n’ va pas ;
Et, pour fair’ bouilli’ leu’ popote,
Nos biens ont subi leu’s dégâts.

Ah ! mes bonn’s gens ! J’ai ben grand’peine !
Ces gueux d’ Bohémiens m’ont volé :
Un tas d’ bourré’s dans mon bois d’ chêne,
Un baiscieau d’ gerb’s dans mon champ d’blé,
Mais c’est pas tout ça qui m’ caus’ si grand’ peine ! …

Au mitan de c’tte band’ de loups
S’ trouvait eun’ garce si jolie
Avec sa longu’ criniér’ fleurie
Comme un bouquet de soucis roux ;
Si joli’ que je vous défie
D’en trouver eun’ pareill’ cheu nous.

Ah ! mes bonn’s gens ! J’ai ben grand’peine !
Pasque ces Bohémiens d’ malheur
Qu’ont pillé mon bois et ma plaine
Ont encore emporté mon coeur.
Et c’est surtout ça qui m’ caus’ si grand’peine !

Les Bohémiens, les mauvais gas,
Sont repartis dans leu’ roulotte
Qui geint d’ vieillesse et qui cahotte
Au derriér’ d’un ch’val qui n’ va pas ;
Et la bell’ qui fait leu’ popotte
F’ra p’têt’ cuir’ mon coeur pour leu’ r’pas.

Ah ! mes bonn’s gens ! J’ai ben grand’peine !
J’ veux qu’i’s m’ volent tout les Bohémiens
Mais qu’i’s dis’nt à la Bohémienne
Qu’à m’ rend’ mon coeur qu’i’ y’ appartient,
Ou sans ça j’mourrai d’avoir si grand’ peine ! …

Gaston Couté

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