Les taureaux

Charles Leconte de Lisle

Les plaines de la mer, immobiles et nues,
Coupent d’un long trait d’or la profondeur des nues.
Seul, un rose brouillard, attardé dans les cieux,
Se tord languissamment comme un grêle reptile
Au faîte dentelé des monts silencieux.
Un souffle lent, chargé d’une ivresse subtile,
Nage sur la savane et les versants moussus
Où les taureaux aux poils lustrés, aux cornes hautes,
À l’oeil cave et sanglant, musculeux et bossus,
Paissent l’herbe salée et rampante des côtes.
Deux nègres d’Antongil, maigres, les reins courbés,
Les coudes aux genoux, les paumes aux mâchoires,
Dans l’abêtissement d’un long rêve absorbés,
Assis sur les jarrets, fument leurs pipes noires.
Mais, sentant venir l’ombre et l’heure de l’enclos,
Le chef accoutumé de la bande farouche,
Une bave d’argent aux deux coins de la bouche,
Tend son mufle camus, et beugle sur les flots.

Charles Leconte de Lisle, Poèmes barbares

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5 commentaires sur “Les taureaux”

  1. rech flavy

    dit :

    Super pour un devoir, merci beaucoup, vous avez plein de talent.

  2. Basilette

    dit :

    Pour apprécier ce poème, il faut s’attarder sur chacun des mots et des phrases, pour de bien imaginer la scène qui se déroule dans cette savane. Un style de poésie qui me convient parfaitement tant il faut l’approfondir pour l’apprécier.

  3. bidukle

    dit :

    super

  4. Nada

    dit :

    Un beau poème

  5. liouh

    dit :

    belle poésie

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