Sebastian Abbo, Tout va bien, 2020. Gravure édition limitée en vente dans notre Galerie d’Art
— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !
Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869
J’ai une question. Est ce que poème est dans le registre engagé svp ?
Je l’ai fait étudier à mes élèves de 5e (12..13 ans) autrefois… Ils étaient très attentifs et j’arrivais en les sollicitant à les faire participer.. Et je dirais que j’arrivais à leur faire partager mon emotion…
Tout un chacun note son petit commentaire à propos du mot nuage. Il me semble important cependant de louer les réactions de cet homme en même temps indifférent fier lointain ironique est tellement séduisant par son indépendance…
Tout simplement un homme qui vit ailleurs entre le rêve et un imaginaire. Il s’est échappé ailleurs. Dans son monde à lui…
Ce poème m’a valu un 9.5/10 en récitation au cours de français, le 0.5 a été ajouté plus tard pour les « merveilleux nuages » !
I cannot forget this poem. So simple… but I can feel it… each time when the autumn is coming… the clouds on the Mediterranean sea… so far away and yet so beautiful.
Ce poème m’a beaucoup touché. J’aime ces nuages aux formes si changeantes et cela me fait rever…
Je ne suis ni ceci, ni cela… Je suis tout simplement… Tout est concept, rien n’est réel… Questionner tout, tout questionner… Nous n’avons ni père, ni mère, ni nom… Nous venons et nous partons… Nous passons comme ces merveilleux nuages touchés par la lumière dorée du couchant…
Il y a ce mot en anglais que je n’arrive pas à traduire en français : awareness. C’est cela l’étranger…
Merveilleux poème… Je ne peux voir un nuage sans que ces vers ne me reviennent en mémoire…
Oui, les nuages… on parle toujours de « regarder le ciel », de lever le regard jusqu’à là, mais c’est vrai, on ne regarde pas le bleu on fait attention aux nuages, leur densité, leur morphologie, leur passage, parfois vite parfois lent… on voudrait s’en aller ave eux… belles pompes de notre enfance…
Savez vous que les nuages parlent aux étoiles et changent de couleur pour cacher des arcs en ciels. Savez vous que les nuages s’amusent à secouer les avions pour leur faire peur et qu’ils s’enfueint alors vers l’horizon. Savez vous que les nuages inventent chaque jour une langue inconnue et blanche faite de dessins. J’aime les nuages. J’en ai toujours avec moi lors de mes voyages. Il m’arrive de les prendre en photo et des les mettre dans un album. Me croirez vous si je vous dis que chaque region, chaque pays, chaque ville cache ses secrets dans les nuages.
Je ne peux pas expliquer… mais ces nuages évoqués par Baudelaire ne manquent jamais de m’émouvoir aux larmes. Merci CB
J’ai appris ce poème par coeur quand j’ai étudié en France, au Lycée Buffon. Je l’aime beaucoup. Mais avec mes quinze ans, je ne comprennais pas pourquoi il parlait de haïr Dieu. Aujourd’hui je ne haïs pas Dieu, mais moi aussi j’aime les nuages.
Ce soir des nuages noirs couraient dans le ciel de Wellington pour s’agglutiner à d’autres nuages encore plus noirs qui s’étaient amoncelés au dessus de l ocean; tout naturellement ce poème m’est revenu à la memoire. Comme tu vois C.B. 150 ans ont passé depuis que tu as écrit ce si simple et délicat poème et les merveilleux nuages passent toujours… la bas… la bas…
@Le Gnome, moi aussi ! Tu sais de quoi c’était fait ?
Ce poème m’a beaucoup touché quand j’étais enfant.
Il faudrait un tableau fait de mots et de sons aux couleurs étrangères pour rendre justice à ce merveilleux poème.
Respect
Gratitude infinie
Pour celui qui offre
Ce poeme m’a fait aimerles nuages. Les nuages printaniers en particulier. Je n’ai jamais, depuis ma première lecture de ce poème, regardé le ciel sans penser à ces merveilleux nuages . Y compris lorsqu’il n’y en a pas. poème sublime.