Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d’un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l’incurable ennui que verse mon baiser:
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:
Car le Vice, rongeant ma native noblesse,
M’a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité
Par un coeur que la dent d’aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.
Stéphane Mallarmé
Stylé
Une écriture très poignante, cela devait susciter à l’époque une énorme clairvoyance. Un des plus grands poète sans aucun doute. Mon mentor arrive à point.
Ce poème est très bien réussit !
J’avais une certaine gêne à évoquer franchement sans detour la situation à savoir la rencontre d’une prostituée et tout le cortège psychologique accompagnant la pensée de l’homme. Merci Mr laouer Kamel pour ce franc parler.
Un poème d’allure encore très baudelairienne. D’ailleurs, le titre d’origine, à sa parution dans le Parnasse contemporain, était « A celle qui est tranquille », imité de « A celle qui est trop gaie » de Baudelaire. Bien plus tard, au cours d’autres parutions, Mallarmé utilisa le titre que nous connaissons: « Angoisse », dans le but d’en faire disparaitre le « baudelairisme ».
Le poème de Mallarmé répond habilement à l’éloquence de son titre, l’angoisse. Il voudrait en effet fuir les forfaits que l’angoisse pourrait lui causer. L’angoisse est personnifiée comme une femme car elle nous ouvre inéluctablement ses bras après être fautif. Le premier quatrin plante le décor sur la fuite et même le dédain et la méprise de ce vil sentiment qui hante l’homme et le culpabilise plus qu’il en est fautif. Une fois qu’on a fait un baiser à l’angoisse, c’est-à-dire l’approcher on est dans « l’incurable ennui » qui conduit à la mort. Le second quatrin témoigne également de cette imposture que constitue l’angoisse lorsqu’on en est habité, en deculpant dans notre esprit des noires idées qui peuvent entrainer au forfait suprême, la mort.
Les derniers tercets de ce sonnet traduisent enfin l’insensibilité de ce sentiment face effectivement à ces forfaits qu’il cause aux hommes, voir « sein de pierre « , « la dent d’aucun crime ne blesse ». Le « coeur » est ici l’evocation du siège des sentiments, cependant que l’angoisse n’a pas.
Mallarmé pour finir fait la rhétorique de l’angoisse de l’angoisse. Il a peur ou redoute de tomber dans l’angoisse. Toute chose qui montre qu’il est angoissé. Mais la conséquence suprême qu’il fuit davantage et que l’angoisse cause est sans conteste la mort.
Poésie qui me parle de trop. Combien de fois où l’on analyse sa vie, entre regrets d’avoir mal fait et remords d’avoir pas fait. Et le temps mortel à vieillir ne sert qu’à nous culpabiliser, plus fort le soir venu. Pareil à s’égarer dans des choix on en oublie de vivre, c’est seulement lorsque les rides de chagrin nous narguent à la figure de ne pas avoir connu la chance de rire à notre enfant.
En dehors du thème, ce sont les allitérations remarquables de Mallarmé qui me seduisent.
Poème d’une force incroyable enveloppé dans tant de fragilité. Tous les mots font mal, tous les mots blessent… comme ces heures qui passent et dont la dernière tue.
Dialogue entre un poete et une prostitué. Chacun a sa stérilité, chacun a son vice.
Je pense qu’il parle de lui même. Son angoisse, c’est son impotence, ses remords, sa chaire désincarnée contre laquelle il n’arrive pas à lutter. Son calvaire cesse quand il s’endort, tellement exténué qu’ il a un sommeil sans rêve. Il ne parle pas d’une femme mais de lui-même, du poids de son existence dont il ne trouve pas le sens.
Mallarmé n’aimait pas que l’on comprenne ses poèmes, tout comme moi 😉
Il parle d’une prostituée. Il a le vice en lui et ne peut s’en défaire. Même s’il est sans illusion et empli de dégout envers lui même, il la rejoint. Inconsciemment c’est effectivement la mort qu’il fuit. Il croie que faire l’amour, c’est donner la vie. Mais il est en fait faussement inconscient. Il sait qu’il se trompe lui même. Il est maintenu dans un cercle infernal par la peur. Il s’est enfermé lui même dans une fausse logique …mortifère.
La mort est comparée à une femme. Une femme qu’on n’aime pas. Mais une femme qu’on est obligé de baiser, de coucher avec. Une femme qu’on affrontera quand même. Tout ça angoisse notre existence.
Je pense tout simplement que Mallarmé fais une evocation de la mort, les termes comme « sein de pierre » sont juste la pour personifié la mort.
Je ne vois pas d’amour dans ce poeme.
Tout d’abord il s’adresse a la femme en l’appelant par un nom qui n’a rien de tendre : « o bete »
Il ne recherche aupres d’elle ni tendresse, ni amour, ni meme le plaisir « Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps » (autrement dit je ne viens pas ce soir te faire l’amour)
Mais il ne peut dormir seul car les remords et la honte le poursuivent dans sa solitude. Il ne vient chercher dans le lit de cette femme au coeur de pierre qu’un sommeil qui le fera echapper a ses angoisses.
Si c’est la de l’amour, il est bien noir.
Une très belle poésie, les derniers vers sont à la fois forts et touchants, pour moi, ils montrent à quelle point la nature humaine ne peut pas être seule. L’angoisse de la mort, de la solitude, c’est ce qui fait de la vie quelque chose d’à la fois fragile et dont il faut prendre conscience afin d’en profiter.
Très belle lecture !
e hhh ben
Bonjour, je dois rendre une anthologie sur l’amour et ce poème m’intrigue: je voudrais savoir de qui il parle en employant la 2eme personne du singulier et dans quel cas il parle d’amour
Merci !
L’angoisse d’etre seul, ou l’angoisse d’être de se sentir seul ?
À jessie : un linceul est un drap dans lequelle on enveloppe les cadavres .
Très beau je découvre à l’instant. les 2 dernières lignes m’ont mis les larmes aux yeux. c’est exactement ce que je voulais lire ce soir. cette personne a simplement peur de mourir. ça l’angoisse. comme moi et comme nous tous.
Catlane … on aimerait que stéphane mallarmé continue d’écrire, seulement il est mort
Es un muy buen poema. Me ha servido sobre todo para hacer una apertura para un comentario compuesto de un spleen de Baudelaire.
Se los recomiendo mucho.
Si no conocen una palabra ¡búsquenla en un diccionario!
Después, traten porfavor de hacer un buen análisis, está fácil de comprender.
Les servirá también buscar a que corriente literaria Mallarmé pertenece, así como ciertos datos biográficos del autor.
Saludos a todos.
C’est Bien 😀 Mais Je N’ai Pas Bien Compris Certains Mots Comme « Native » Et « Linceul » Vous Pouvez M’Expliquer Svp 🙂
LE POÈME EXPLIQUE BIEN L ANGOISSE DE LA SOLITUDE ET DE SE RETROUVER SEUL A LA VEILLE DE SA MORT ET DE NE PAS AVOIR DE DESCENDANCE , moi j y pense
Les rimes sont bien trouvées, mais je ne comprend pas tout le poème -Le problème vient sûrement de moi O.O.
Sinon, en lui même, j’aime bien, surtout le dernier.
Bonne continuation =D
à kamélia: être ( ou plutôt) se dire indifférent est souvent manière de cacher sa peur… face à la vérité cg
trop dur, ça laisse la personne indifferente