La barque

Emile Verhaeren

Il gèle et des arbres pâlis de givre clair
Montent au loin, ainsi que des faisceaux de lune ;
Au ciel purifié, aucun nuage ; aucune
Tache sur l’infini silencieux de l’air.

Le fleuve où la lueur des astres se réfracte
Semble dallé d’acier et maçonné d’argent ;
Seule une barque est là, qui veille et qui attend,
Les deux avirons pris dans la glace compacte.

Quel ange ou quel héros les empoignant soudain
Dispersera ce vaste hiver à coups de rames
Et conduira la barque en un pays de flammes
Vers les océans d’or des paradis lointains ?

Ou bien doit-elle attendre à tout jamais son maître,
Prisonnière du froid et du grand minuit blanc,
Tandis que des oiseaux libres et flagellant
Les vents, volent, là-haut, vers les printemps à naître ?

Emile Verhaeren, Les bords de la route

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5 commentaires sur “La barque”

  1. Loison

    dit :

    Je l’ai à apprendre et j’ai oublié mon cahier de poésie donc ça me soulage de la voir sur internet. Merci au créateur.

  2. arthure

    dit :

    C’est cool

  3. Alexandra Alleaume

    dit :

    Sublime et prenant

  4. lemai

    dit :

    Sublime !

  5. pilor

    dit :

    Magnifique !

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