Contre la présence réelle

Théodore Agrippa d'Aubigné

N’est-ce point sans raison que ces champis désirent
Etre sur les humains respectés en tous lieux,
Car ils sont demi-dieux, puisque leurs pères tirent
Leur louable excrément de substance des Dieux.

Et si vous adorez un ciboire pour être
Logis de votre Dieu, vous devez, sans mentir,
Adorer ou le ventre ou bien le cul d’un Prêtre,
Quand ce Dieu même y loge et est prêt d’en sortir.

Tout ce que tient le Prêtre en sa poche, en sa manche,
En sa braguette est saint et de plus je vous dis
Qu’en ayant déjeuné de son Dieu le dimanche,
Vous devez adorer son étron du lundi.

Trouvez-vous cette phrase et dure et messéante ?
Le prophète Esaïe en traitant de ce point
En usait, appelant vos Dieux Dieux de fiente,
Or digérez le tout et ne m’en laissez point.

Théodore Agrippa d’Aubigné

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2 commentaires sur “Contre la présence réelle”

  1. Agrippine

    dit :

    Les champis étaient jadis les enfants trouvés abandonnés dans les champs, dès leur naissance, or, l’auteur sous-entends ici que leurs pères étaient souvent des prêtres, auxquels il n’était pas permis d’avoir d’enfants…

    Si les prêtres avalent leur dieu le dimanche, avec l’hostie censée le contenir en « présence réelle », tout ce qui sort de leur corps est béni, demi-divin, y compris la semence, qui donne naissance aux champis, et même les excréments. Telle est la logique d’Agrippa. Ah, cet Agrippa!

  2. Tommy

    dit :

    Agrippa luttait toujours contre la corruption que représente l’église catholique ! La réformation est la liberté !

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