Adieu à la poésie

Louise Ackermann

Mes pleurs sont à moi, nul au monde
Ne les a comptés ni reçus,
Pas un oeil étranger qui sonde
Les désespoirs que j’ai conçus

L’être qui souffre est un mystère
Parmi ses frères ici-bas ;
Il faut qu’il aille solitaire
S’asseoir aux portes du trépas.

J’irai seule et brisant ma lyre,
Souffrant mes maux sans les chanter ;
Car je sentirais à les dire
Plus de douleur qu’à les porter

Paris, 1835

Louise Ackermann,  Premières poésies (1871)

Imprimer ce poème

32 commentaires sur “Adieu à la poésie”

  1. Steven01

    dit :

    Ce poème est d’une beauté indescriptible. La poésie est un bel outil qui permet de se confier à des inconnus puisqu’il nous est impossible de le faire avec nos proches.

  2. Delcourt

    dit :

    Magnifique poème de vérité. malgré les écrits du passé et celui de ma propre vie et mon réel ressentis à ce jour ces mots sont ma vie…. Brigitte

  3. Pradalier

    dit :

    Je suis confuse. Je me suis trompée quant à la date du veuvage de la poète. Elle ne peut faire référence à son époux qu’elle n’a pas encore rencontré. C’est donc seulement à la poésie qui chante la douleur qu’elle renonce. Ce qui est très fort aussi.

  4. Pradalier

    dit :

    Si j’en juge par la date de rédaction, 1835, la poète pleure son époux et les derniers vers se comprennent particulièrement avec cet éclairage. D’une part, elle s’est en effet retirée dans la solitude (« j’irai seule et brisant ma lyre ») D’autre part, dans ce contexte, évoquer sa souffrance et son deuil ne peut qu’en redoubler leur poids, en en renouvelant l’intangible réalité
    (« Car je sentirais à les dire / plus de douleur qu’à les porter »).

    Très beau dans la concision. Pas de blabla du tout contrairement à ce qu’avance un commentaire malicieux qui s’insurge peut-être contre tout commentaire.

    Très grand merci pour ce site !

  5. bernard maroy

    dit :

    Je ne connaissais pas cette poétesse. C’est un bien beau poème. Il traduit bien la douleur du déprimé. Heureusement, que la dépression est si fréquente, si rarement bien traitée. Elle nous donne la plupart des oeuvres d’art et, spécialement, des poésies.

  6. Ptit Dom

    dit :

    La souffrance est si personnelle, indicible… et nous aimons la force, la puissance des mots et de l’émotion. S’ouvrir n’est pas se confier, aimer… tenter de panser. Et enfin savoir partager sans accabler. Ce poème m’impressionne, tellement criant de vérité… un vrai coup de cœur, magnifique plume.

  7. Qwam

    dit :

    Personnellement je vois dans ce poème une certaine ironie et contradiction ; appelée poète et pourtant incapable de transmettre avec les mots, la place de l’autre est aussi importante que celle du poète.. . Je pense que ce poème parle du fait que parfois, les mots ne suffisent juste pas. Personne ne se comprend, on s’accepte juste.

  8. j’aime les noobs

    dit :

    J’adore ce poème joyeux et heureux

  9. Setsuna

    dit :

    D’où vient la tristesse des poètes ? Peu de gens le savent… La seule chose qu’on sache, c’est qu’ils écrivent souvent pour s’envoler, dans un espace de calme, de création incertain.

  10. Annick Tirache

    dit :

    A l’instar de cette poésie magnifique, j’aime le commentaire d’Ann qui dit mieux que je ne saurais le faire tout le bien que je pense.

  11. blabla guy

    dit :

    blablabla… que des mots ennuyant…

  12. LE ROUX

    dit :

    Ce poème soigne les maux de l’âme et invite à en lire d’autres pour continuer d’avancer, il est très réaliste. Le titre me semble empreint d’ironie.

  13. ann

    dit :

    Les grandes douleurs sont muettes mais la poésie exprime ce qui ne peut se dire avec pudeur et révèle plus que l’auteur lui même n’aurait voulu dévoilé. Le poète m’émerveille par son accès à l’invisible et son immersion d’un au-delà du soi.

  14. héloise

    dit :

    Moi aussi, j’ai beaucoup aimé. J’aimerais simplement savoir si ce poème entre dans la catégorie lyrique? Au passage, merci aux créateurs de ce site sans lequel je ne pourrais pas faire mon anthologie.

  15. Makhlouf

    dit :

    poème très réaliste, très touchant !

  16. corinne

    dit :

    Tres beau, tellement triste, tellement vrai. C’est inutile d’en parler à quelqu un, on passe pour quelqu’un qui pleure sur soi.

  17. oncle Bob

    dit :

    En effet, dire ses maux ne soulage en rien.

  18. nobias

    dit :

    Evocation de la souffrance indicible et dissensuel.

  19. Iznard

    dit :

    très joli poème.

  20. diassana

    dit :

    je kiff grave. Très touchant

  21. Petit_nuage

    dit :

    Très joli poème, très touchant…il traduit parfaitement la peine et la solitude endurées

  22. Pascale

    dit :

    Très beau et réaliste, magnifique.

  23. zaira looney

    dit :

    il y’a que soi meme pour comprendre l’angoisse que notre inconscient nous inflige

  24. duval

    dit :

    C’est bien là la contradiction du poète, qui est si puissant à choisir les mots, et si impuissant à parler de lui

  25. lise_au_coeur_brisé

    dit :

    Perdre son temps pour une personne qui ne le perdra surement jamais pour toi et une preuve que tu as un coeur très ouvert et qui s’ouvre pour des personnes que ne le mérite pas…

  26. Claris

    dit :

    Sûr que nul n’est mieux placé que soi-même pour apprécier ses propres souffrances à leur juste mesure. Chacun est un mystère pour les autres,ce qu’ elle avait bien compris l’artiste.

  27. FALOURD Michel.

    dit :

    Emouvante sobriétée.

  28. kahina

    dit :

    Il faut le vivre pour le comprendre

  29. Juliette

    dit :

    C’est tellement Beau…

  30. Alexia

    dit :

    Il me fait vibrer 😀

  31. selena

    dit :

    c’est trop beau c’est magnifique

  32. nathalie muys

    dit :

    M A G N I F I Q U E

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *