Marie

Guillaume Apollinaire

Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C’est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie

Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu’elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux

Les brebis s’en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d’argent
Des soldats passent et que n’ai-je
Un cœur à moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je

Sais-je où s’en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l’automne
Que jonchent aussi nos aveux

Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s’écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

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26 commentaires sur “Marie”

  1. bloubloute

    dit :

    La fameuse maclotte, je faisais la même chose dans la fleur de l’âge. Peace and Love

  2. psrcevalve

    dit :

    Que nenni
    Il perle de Maria Dubois
    rencontrée à Stavelot l’été 1899 quand il était en pension
    pendant que sa mère jouait au casino à Spa

    la maclotte étant la danse traditionelle de la region

  3. Dominique Reynaert

    dit :

    Je passais au bord de la Seine, un air ancien dans la tête , inusable, composé et chanté par Léo Ferré : « quand donc finira la semaine? ». Mon fils s’appelle Léo

  4. JP3 (jean pédro junior du troisième degré)

    dit :

    Un poème saisissant…

  5. une personne pas nette

    dit :

    Poésie très jolie

  6. Bouzi

    dit :

    Pour Marie, la petite Chanel de la rue Berthelot. Avec la douce affection de G.

  7. Hotel

    dit :

    Merci Guillaume pour ce merveilleux poème. J’en suis bouleversée. Je vous réponds avec plus d’un siècle de retard. Ne m’en veuillez pas. J’avais tant de choses à faire. Bou-zi me parle souvent de vous. Je ne vous oublie pas.

    Votre Marie. PS. Je confie ce billet à votre ami G. du Lapin Agile.

  8. Heraclius

    dit :

    Non, Dorio, certains se souviennent encore de Marie. Celle qui fut l’âme soeur, le lien, celle qui tenta de réconcilier Apollinaire et Picasso, celle qui, finalement lasse, abandonna le poète et s’en fut à Madrid retrouver sa Nicole. Marie Laurencin !

  9. Richard

    dit :

    Je n’aime pas.

  10. Jean jack

    dit :

    Ce poème me donne des frisson. Par cet écriture magnifique qui mène mon coeur vers le paradis.

  11. Orlowski

    dit :

    Je confirme, Ferré a chanté ce poème. Mon père en grand fan m’a prénommé Marie.

  12. Dorio

    dit :

    Tout le monde oublie Marie
    Qui aima ce poète délicieux
    Ours mal léché et que leur ami
    Le douanier Rousseau portraitura
    « Le poète et sa Muse »
    Elle-même fit des peintures d’Appolinaire plutôt cocasses…
    Mais un jour ce fut fini
    Marie L…ne revint plus

  13. Gilles

    dit :

    C’est Pierre Perret qui a chanté ce poème et non Ferré. Avec une musique et l’accompagnement au violoncelle qui colle si bien à ce texte.

  14. Jesabel Ferrier

    dit :

    J’aime bien.

  15. Menard

    dit :

    Magnifique ! C’est le reflet de ma peine actuelle que j’écris en Poésie

  16. Jo Romand

    dit :

    Vous qui, comme moi, aimez Guillaume Appolinaire, avez-vous lu « les 9 portes de ton corps »?
    Ce poème me fascine.

  17. lucas

    dit :

    « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » Mahatma GANDHI (1869.1948)

  18. Emi

    dit :

    Ce poème m’a toujours fasciné. Très certainement mon poème préféré. Je me reconnais très bien dans la citation de Gracq postée dans un autre commentaire.

  19. Cogniaux

    dit :

    Pour information, Ferré chante ce poème.

  20. Louis Cousin

    dit :

    Le dernier vers est mon préféré !

  21. Quelqu’un

    dit :

    Guillaume Apollinaire, Alcools 1913 !

  22. Galeterne

    dit :

    Poème particulièrement virtuose et intense associant entre autres gaieté du bal et douleur du délaissé. « Et tes mains feuilles de l’automne Que jonchent aussi nos aveux » est à tomber par terre. Mais d’où vient que je n’aime pas le dernier vers, qui me fait l’effet d’une pirouette de fin de fête ?

  23. jean-pierre

    dit :

    …que n’ai-je un cœur à moi…
    Tout le vertige d’un « moi » polymorphe et insaisissable. En une strophe magnifique. Loin des pensums universitaires!

  24. Anne Denis

    dit :

    « Quand reviennent ces jours de disgrâce où, pour un moment, les livres, tous les livres, n’ont plus que le goût du papier mâché, où une acedia saturnienne décolore pour l’âme et dessèche sur pied toute la poésie écrite, il ne reste pour moi que deux ou trois fontaines -petites, intarissables- où l’eau vive dans le désert qui s’accroît continue à jaillir et immanquablement me ranime; ce sont quelques Chansons de Rimbaud…Guillaume Appolinaire…Il me suffit de me redire la première strophe de Marie pour que le monde, instantanément, retrouve les couleurs du matin. »
    Julien Gracq, En lisant, en écrivant.

  25. armel assoumou (olama)

    dit :

    j’aime beaucoup ce poème, il a quelque chose de spécial

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