A Cupidon

Pierre de Ronsard

Le jour pousse la nuit,
Et la nuit sombre
Pousse le jour qui luit
D’une obscure ombre.

L’Autonne suit l’Esté,
Et l’aspre rage
Des vents n’a point esté
Apres l’orage.

Mais la fièvre d’amours
Qui me tourmente,
Demeure en moy tousjours,
Et ne s’alente.

Ce n’estoit pas moy, Dieu,
Qu’il falloit poindre,
Ta fleche en autre lieu
Se devoit joindre.

Poursuy les paresseux
Et les amuse,
Mais non pas moy, ne ceux
Qu’aime la Muse.

Helas, delivre moy
De ceste dure,
Qui plus rit, quand d’esmoy
Voit que j’endure.

Redonne la clarté
A mes tenebres,
Remets en liberté
Mes jours funebres.

Amour sois le support
De ma pensée,
Et guide à meilleur port
Ma nef cassée.

Tant plus je suis criant
Plus me reboute,
Plus je la suis priant
Et moins m’escoute.

Ne ma palle couleur
D’amour blesmie
N’a esmeu à douleur
Mon ennemie.

Ne sonner à son huis
De ma guiterre,
Ny pour elle les nuis
Dormir à terre.

Plus cruel n’est l’effort
De l’eau mutine
Qu’elle, lors que plus fort
Le vent s’obstine.

Ell’ s’arme en sa beauté,
Et si ne pense
Voir de sa cruauté
La récompense.

Monstre toy le veinqueur,
Et d’elle enflame
Pour exemple le coeur
De telle flame,

Qui la soeur alluma
Trop indiscrete,
Et d’ardeur consuma
La Royne en Crete.

Pierre de Ronsard, Les Odes

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27 commentaires sur “A Cupidon”

  1. Celeste

    dit :

    Ne s’alente= ne se guérit pas

  2. Jean-Urban

    dit :

    Après tout, un artiste comme Ronsard vivrai pour jamais, tandis que les crétins qui critiquent sans arguments ses poèmes mourront avec leur corps.

  3. Landie

    dit :

    Ce poème est fantastique, merci

  4. une personne civilisé

    dit :

    Tous ceux qui disent que ce poème est « claqué au sol » ne sont que des racailles de bas étage qui n’on pas plus de 2 de QI, qui n’apprécient pas la beauté profonde de l’œuvre, et qui ne sont venu que pour se lamenter du travail de personne dont il n’ont pas un dixième de leur sagesse. Merci à ceux qui sont respectueux envers le poète et qui font un minimum attention à leur écriture, non mais sérieux, certain on dirait qu’ils sont en maternelle !

  5. Moi

    dit :

    Pas ouf

  6. timother69

    dit :

    Claquer sous le sol

  7. Jojo le fifou

    dit :

    Claqué au sol

  8. Joseph Godrenov

    dit :

    Ce poème est frustrant pour les personnes.

  9. Moisissures

    dit :

    C’est de la bombe ce poème mon frère,

  10. Marie

    dit :

    Ce poème est incroyable et je suis ravie d’être tombée dessus par hasard !

  11. Dieudonné

    dit :

    Ce poème est fantastique… J’aurai aimé vivre les ans. J’ecris des poèmes mais j’ai comme impression que suis esseulé. Au moins, j’aurai du naitre à l’époque de Ronsard, ou Hugo. Même étant Africain, j’aurai tout pour les atteindre. C’est une question de destin et de sentiment!

  12. Poème à chute?

    dit :

    Arretez-moi si je me trompe, ce poème parle d’un frère regrettant d’aimer sa soeur?

  13. elle

    dit :

    J’ai eu un peu de mal à traduire ce poème mais j’adore. Je trouve ça super, un très jolie poème.

  14. Bezancon

    dit :

    Avez vous un tableau ou une sculpture en rapport avec ce poème ? Merci d’avance 🙂

  15. Jean-Pierre Montrose

    dit :

    Je dédie ce poème très joli à mon vieil ami Paolo décédé… Et merci à toi Yves Thuilier, donc bien joué!

  16. Séverin

    dit :

    En quoi le thème de l’avarice est-il présent ? Il est seulement très brièvement mentionné dans « Plus radin qu’Harpagon ». Le thème majeur du poème est l’ennui. Est-ce un enseignement comme le conçoit Seghers et les poètes de l’après guerre ?

  17. Oui

    dit :

    Oui, merci à toi Yves

  18. Patrick Dupont

    dit :

    Merci et bien joué à toi Hyves Thuilier pour ta traduction

  19. Miss_Ashley

    dit :

    Très joli poème ! Un peu compliqué à comprendre mais merci pour la traduction de Yves Thuillier.

  20. delacroix

    dit :

    Bonjour je suis en train de faire une anthologie poétique
    et je voudrais avoir une petite intro du poéme « a cupidon »

  21. Rüdiger ZIRKEL

    dit :

    On trouve A Cupidon imprimé cent fois, mais on ne trouve pas de commentaire.
    Dans les premières huit strophes la communication de Ronsard avec le lecteur
    est clair, puis le lecteur a besoin d’un commentaire.
    La flèche d’amour de Cupidon a choisi Ronsard, mais celui-ci souffre de cet amour,
    il ne peut plus travailler. C’est le sens de la première moitié du poème.
    Mais quel est le sens de la deuxième moitié?

  22. valentine

    dit :

    il est vraiment bien comme poème!

  23. Rey Aldamo

    dit :

    Merci à Yves Thuillier pour sa traduction

  24. Thuillier Yves

    dit :

    texte traduit seul :
    le jour succède à la nuit
    Et la nuit sombre
    Pousse en avant le jour qui luit
    D’une faible lueur d’ombre.
    L’Automne suit l’été
    Et l’âpre rage
    Des vents n’a point été [continué
    Après l’orage.
    Mais la fièvre d’amours
    Qui me tourmente,
    Demeure en moi toujours
    Et n’est pas plus lente.
    Ce n’était pas moi, Dieu,
    Qu’il fallait pointer
    Ta flèche en autre lieu
    Devait être piquée.
    Poursuis les paresseux
    Et les amuse,
    Mais pas moi, qui suis de ceux
    Qu’aime la Muse.
    Hélas, délivre-moi
    De cette dureté
    Qui rit davantage, quand d’émoi
    Elle voit ce que j’endure
    Redonne la clarté
    A mes ténèbres,
    Remets en liberté
    Mes jours tristes et funèbres
    Amour sois le support
    De ma pensée
    Et guide à meilleur port
    Mon navire cassé.
    Plus je suis criant
    plus je me rebute
    Plus je la prie
    Et moins elle m’écoute.
    Ni même ma pâle couleur
    D’amour blêmie
    N’a émue par sa douleur
    Mon ennemie.
    Ni sonner [jouer] à sa porte
    De ma guitare,
    Ni pour elle les nuits
    Passée à dormir à terre.
    Pas plus cruel qu’elle m’est l’effor
    De l’eau malicieuse [la pluie]
    Même lorsque plus fort
    Le vent s’obstine.
    Elle s’arme de sa beauté
    Et je ne pense
    Voir que sa cruauté
    Pour récompense.
    Montre-toi en vainqueur
    Et d’elle enflamme
    Pour l’exemple son coeur
    D’une telle flamme
    Que la sœur alluma
    Trop indiscète
    Et d’ardeur consuma
    La reine de Crète

  25. Thuillier Yves

    dit :

    A Cupidon
    Suggestion de traduction en essayant de garder la rime, les mots en crochets sont ajoutés pour éclaire le sens

    Le jour pousse la nuit, le jour succède à la nuit
    Et la nuit sombre Et la nuit sombre
    Pousse le jour qui luit pousse en avant le jour qui luit
    D’une obscure ombre. D’une faible lueur d’ombre.
    L’Autonne suit l’Esté, L’Automne suit l’été
    Et l’aspre rage Et l’âpre rage
    Des vents n’a point esté Des vents n’a point été [continué]
    Apres l’orage. Après l’orage.
    Mais la fièvre d’amours Mais la fièvre d’amours
    Qui me tourmente, Qui me tourmente,
    Demeure en moy tousjours, Demeure en moi toujours
    Et ne s’alente. Et n’est pas plus lente.
    Ce n’estoit pas moy, Dieu, Ce n’était pas moi, Dieu,
    Qu’il falloit poindre, Qu’il fallait pointer
    Ta fleche en autre lieu Ta flèche en autre lieu
    Se devoit joindre. Devait être piquée.
    Poursuy les paresseux Poursuis les paresseux
    Et les amuse, Et les amuse,
    Mais non pas moy, ne ceux Mais pas moi, qui suis de ceux
    Qu’aime la Muse. Qu’aime la Muse.
    Helas, delivre moy Hélas, délivre-moi
    De ceste dure, De cette dureté
    Qui plus rit, quand d’esmoy Qui rit davantage, quand d’émoi
    Voit que j’endure. Elle voit ce que j’endure
    Redonne la clarté Redonne la clarté
    A mes tenebres, A mes ténèbres,
    Remets en liberté Remets en liberté
    Mes jours funebres. Mes jours tristes et funèbres
    Amour sois le support Amour sois le support
    De ma pensée, De ma pensée
    Et guide à meilleur port Et guide à meilleur port
    Ma nef cassée. Mon navire cassé.
    Tant plus je suis criant Plus je suis criant
    Plus me reboute, plus je me rebute
    Plus je la suis priant Plus je la prie
    Et moins m’escoute. Et moins elle m’écoute.
    Ne ma palle couleur Ni même ma pâle couleur
    D’amour blesmie D’amour blêmie
    N’a esmeu à douleur N’a émue par sa douleur
    Mon ennemie. Mon ennemie.
    Ne sonner à son huis Ni sonner [jouer] à sa porte
    De ma guiterre, De ma guitare,
    Ny pour elle les nuis Ni pour elle les nuits
    Dormir à terre. Passée à dormir à terre.
    Plus cruel n’est l’effort Pas plus cruel qu’elle m’est l’effort [de subir]
    De l’eau mutine De l’eau malicieuse [la pluie]
    Qu’elle, lors que plus fort Même lorsque plus fort
    Le vent s’obstine. Le vent s’obstine.
    Ell’ s’arme en sa beauté, Elle s’arme de sa beauté
    Et si ne pense Et je ne pense
    Voir de sa cruauté Voir que sa cruauté
    La récompense. Pour récompense.
    Monstre toy le veinqueur, Montre-toi en vainqueur
    Et d’elle enflame Et d’elle enflamme
    Pour exemple le cœur Pour l’exemple son coeur
    De telle flame, D’une telle flamme
    Qui la soeur alluma Que la sœur alluma
    Trop indiscrete, Trop indiscète
    Et d’ardeur consuma Et d’ardeur consuma
    La Royne en Crete. La reine de Crète
    Pierre de Ronsard, Les Odes

  26. X

    dit :

    J’ai quelque peu du mal à comprendre ce poème… Quelqu’un devrait songer à mettre une traduction que les mous du cerveaux comme moi puissent comprendre…
    Et je ne sais pas si ce poème est vraiment un poème d’amour je ne crois pas personnellement après chacun possède un point de vue diffèrent.

  27. Pierre Pero

    dit :

    En français d’aujourd’hui ça donne quoi? Quelqu’un pour la traduction avec fidélité?

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