Le Chêne un jour dit au Roseau :
« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d’aventure
Fait rider la face de l’eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n’auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l’orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
– Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas.
Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. «
Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.
Jean de La Fontaine
Il ne faut jamais se fier aux apparences. Le plus fort n’est pas toujours celui qu’on pense.
Jean de la Fontaine souligne la valeur de la modestie, de la souplesse et de l’humilité face aux défis de la vie, et il met en garde contre l’arrogance et la rigidité.
Je viens de lire les commentaires , je suis pleinement d’accord avec le commentaire publié le 23 mai 2023, !
je constate depuis des jours les affres laissés par la tempête de novembre 2023, c’est la désolation à la campagne, les nombreux chênes sont « défigurés » ,
Pour une fois notre Jean ne laisse pas de moralité ; c’est au lecteur de la penser. Alors, personnellement qu’est-ce que je pense ? Il s’agit ici d’une illustration de l’arrogance contre l’humilité. Le chêne a vraiment une grosse tête, il se compare au Caucase qui est une région montagneuse énorme, il dit que pour ce petit roseau le moindre vent lui est Aquilon, soit dans la mythologie romaine le dieu des vents froids et violents, tandis que pour lui tout vent est zéphyr, soit un vent doux et agréable. Un chêne est impressionnant en réalité, mais il est vulnérable en situation de tempête ou pire de tornade car la prise au vent est très importante. J’ai vu de grands arbres déracinés notamment lors de la puissante tempête de 1999. Donc, ce chêne est un arrogant, comme il s’en trouve parmi les humains, et en définitive il est déraciné, c’est le retour du bâton. Cependant que notre roseau, apparemment frêle se redresse après la tempête sans avoir une grande gueule.
Superbe poème notamment compliqué à apprendre.
On appelle cela la résilience…
La Fontaine en rêvait, Ésope la fait.
Il est nocif de se raidir face aux vents émotionnels de la vie. Au-delà d’une certaine peine comme sur des peines récurrentes et inévitables non seulement cela ne fonctionne pas mais cela peut mettre gravement en péril notre intégrité, « nous déraciner ». La bonne méthode consiste à imiter le roseau en accompagnant l’émotion et en la laissant partir.
J’adore. Je suis d’accord avec Jean-Baptiste « La Fontaine était un génie! »
J’adore vraiment bcp ce poème.
Formidable. Le roseau est fort minable mais nous étions formidable.
J’adore❤️
J’adore ce poème, il reflette le bonheur de la nature et sa puissance…
C’est magnifique, le plus grand ! ❤️
D’accord avec toi Jean-Baptiste.
La fin surtout est puissante:
« Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts. »
Formidable…
j’adore ce poème!
LaFontaine était un génie!