Aux femmes

Louise Ackermann

S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s’arrêtait à quelque dévouement,
Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,
Vers tous les malheureux la main toujours tendue,
Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé,
Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé,
Femmes, enviez-la. Tandis que dans la foule
Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule,
Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
Que l’homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son appui, son trésor sous les cieux,
Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la ! Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
Que l’homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son espoir, son rayon sous les cieux,
Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

Paris, 1835

Louise Ackermann, Premières poésies, 1871

 

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8 commentaires sur “Aux femmes”

  1. akladin

    dit :

    Très beau poème !

  2. sofia

    dit :

    On a un projet sur ça et on ne comprend Rien ! Aidez-nous !

  3. fanfan soize

    dit :

    Des belles paroles comment celles-là… avec une p’tite mélodie de Jean Louis Aubert. Le p’tit tube de l’été…

  4. saadamg

    dit :

    Poème magnifique… j’adore

  5. Taharoux

    dit :

    Magnifique ! Quel hommage ! On ne peut mieux le faire:
    « Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
    Que l’homme à son secours incessamment appelle »

  6. Claris

    dit :

    Que ferions-nous sans elles…pauvres hommes que nous sommes
    à souhaiter l’impossible…

  7. Dawson

    dit :

    Vraiment magnifique… j adore

  8. Za Flyman

    dit :

    Je sais comment le sait elle. Que c’est elle l’homme incessament à son secour appel: c’est qu’un jour un homme lui a dit: femme le sens de la vie.

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