Baise m’encor, rebaise-moi et baise

Louise Labé
Henri de Toulouse-Lautrec, Dans le Lit, le Baiser, 1892
Henri de Toulouse-Lautrec, Dans le Lit, le Baiser, 1892

Baise m’encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.

Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :

Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.

Louise Labé, Sonnets

Imprimer ce poème

14 commentaires sur “Baise m’encor, rebaise-moi et baise”

  1. Martine

    dit :

    Un amant. Pour moi c’est un poème saphique c’est une évidence et historiquement ça a été soigneusement maquillé… comme toujours

  2. Emmanuel Hache

    dit :

    A PAYET: « Si hors de moi ne fais quelque saillie » peut s’interpréter: « S’il t’arrive de me tromper » …

  3. venti

    dit :

    Le texte au début est gênant mais je l’ai trouvé beau et je l’ai mis dans une anthologie.

  4. Didier

    dit :

    J’aime beaucoup ce poème. Serait-il possible de le réadapter en film?

  5. Payet

    dit :

    Comment comprenez- vous « Si hors de moi ne fais quelque saillie ?  »
    Merci

  6. Chantal de Rosamel

    dit :

    Lou ! vôtre interprétation de ce beau poème me semble simple et juste. C’est ainsi que je le ressens.

  7. ThiDr

    dit :

    Maily, c’est une forme de licence poétique. Tu peux le lire autrement pour mieux le saisir. « Chacun » est le sujet, « vivra » verbe, et « en soi et son ami » complément. On entre souvent dans ces textes dans la métapensée dont parle Edg. Morin avec sa « Pensée Complexe ».
    « Chacun en soi et son ami vivra », au même titre que 1+1=2, mais égale 1 aussi, et 3 également, voire au delà puisque le tout est souvent supérieur à la somme de ses parties.

  8. Jean Demont

    dit :

    Chacun en soi, pardon.
    L’enivrement fait voir double.

    Cf Baudelaire : « nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux
    qui réfléchiront leur double lumière
    dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux »

    La Mort des amants.

  9. Katherin

    dit :

    « Chacun en soi et son ami vivra » veut dire « chacun vivra en soi et son ami » ? Peut-on m’aider décrire/comprendre le grammaire là-dessus ?

  10. Marc

    dit :

    Pour Lou et Maily;

    J’interprèterais différemment: « Chacun en soi et son ami vivra » précédé de « Lors double vie à chacun en suivra ».

    Je crois lire: « chacun et son ami en soi vivra » qui ferait que l’on vit doublement lorsqu’on est amoureux parce que l’on est sans cesse à penser à l’autre, d’où « Lors double vie à chacun suivra »

    Me dire…

  11. Lou

    dit :

    Pour Maily,
    Mon interprétation est que Louise Labé parle ici de l’amour qu’elle partage avec un amant. Donc, c’est un amour qui serait secret et défendu. La ligne qui précède celle que tu as mentionnée, « Lors double vie à chacun en suivra. » me semble éclairer la situation. Bien que les deux partis s’aiment et se donnent l’un à l’autre, ils ne peuvent réellement s’unir. Ils restent deux lignes parallèles et séparées, menant leurs doubles vies avec leur amour protégé au fond d’eux-mêmes. C’est là seulement, dans le secret intérieur de chacun que leur amour peut vivre.
    Mais je pourrais très bien me tromper! C’est seulement ce que j’y vois.

  12. Maily

    dit :

    Que voudrait dire « Chacun en soi et son ami vivra » ? Merci d’avance pour vos réponses.

  13. Ichou

    dit :

    L’amour, la beauté. Quoi d’autre?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *