Sous les branches

François Coppée

Palpitante encore du bal,
Elle voulut, la blonde fille,
M’accompagner jusqu’à la grille
Où j’avais lié mon cheval.

Malgré l’appel des ritournelles,
Au jardin nous nous attardions,
Et les choses que nous disions
Étaient tristes et solennelles.

Nous avions pris le long chemin,
Nous avions pris le chemin sombre.
Je ne la voyais pas dans l’ombre,
Mais je la tenais par la main.

Nos baisers rythmaient nos paroles,
Et nous suivions, tendres et las,
La voûte obscure des lilas,
Qui s’étoilait de lucioles.

Et ma chevelure baignait,
Comme dans l’eau les pleurs d’un saule,
Son front posé sur mon épaule,
Son doux front qui s’abandonnait.

Et pour que l’opaque ramure
Couvrit notre rêve enchanté
De silence et d’obscurité,
La brise apaisait son murmure.

François Coppée, Le Reliquaire, 1866

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1 commentaires sur “Sous les branches”

  1. Enoal

    dit :

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