Rêverie

Alfred de Musset

Quand le paysan sème, et qu’il creuse la terre,
Il ne voit que son grain, ses bœufs et son sillon.
— La nature en silence accomplit le mystère, —
Couché sur sa charrue, il attend sa moisson.

Quand sa femme, en rentrant le soir à sa chaumière,
Lui dit « Je suis enceinte, » — il attend son enfant.
Quand il voit que la mort va saisir son vieux père,
Il s’assoit sur le pied de la couche, et l’attend.

Que savons-nous de plus ?… et la sagesse humaine,
Qu’a-t-elle découvert de plus dans son domaine ?
Sur ce large univers elle a, dit-on, marché ;
Et voilà cinq mille ans qu’elle a toujours cherché !

Alfred de Musset, Oeuvres posthumes, 1888

Imprimer ce poème

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *