Hiroshima mon amour

Jean-Pierre Villebramar

À la Maison d’Arrêt de G…
courent des rats en semi-liberté
partout
où peut courir un rat
en semi-liberté.

Hiroshima, mon Amour

À la Maison d’Arrêt de G… des femmes
de détenus viennent avec de grands paniers et des enfants

à l’heure du parloir,
femmes, ou sœurs, ou mères
il est rare
que viennent les pères mais ça existe aussi des pères
à la Maison d’Arrêt de G…, venus voir leur enfant,

Hiroshima, mon Amour.

***

À la Maison d’Arrêt de G… je t’ai accompagnée,
un grand panier de linge pour ton fils,
à l’heure du parloir,

Tu m’as parlé de lui.

De ton fils, jour après jour
de ta croix, jour après jour
du long chemin de croix jour après jour
du long et lent cheminement :

Gardiens, fouille.
Fouille, parloir.
Gardiens, regards.

Chemin faisant ton fils est tombé trois fois,

Hiroshima, mon Amour.

***

Autour de la Maison d’Arrêt de G…
parfois
on entend des cris de bêtes.

***

Ce ne sont pas des rats, Hiroshima

mon Amour

C’est ton enfant, Hiroshima

mon Amour

« notre absence actuelle d’amour, nous la comblerons avec les étoiles d’innombrables nuits »
Maiakovski

Villebramar, Poèmes inaudibles, 2016

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