La maison c’est des mains

Eleni Cay

Les jours tombent, l’un après l’autre,
telles des gouttelettes d’une pluie chaude.
Un vent insolent tourne des pages de ton livre jusqu’à ce que tu oublies tout.
Tout.
Tout ce qui t’était cher et précieux.

Sur une plage, on voit une vague remuer du sable, le lisser.
D’un moment à un autre, la vie te revient en pensée.

Tu ne te souviens de presque rien, c’est tellement effrayant…
Des billes en verre témoignent de tout : comme au tribunal.
Oh, mon Dieu, dis-moi, qu’est-ce qui a été oublié et qu’est-ce qui le sera encore ?

Ne te soucie de rien, tout finira bien.
Il y a des moments rares comme de la nacre des coquillages.
Le temps et l’océan ne rattrapperont plus ces moments,
car trop loin sur la côte, ils s’étaient enfuis.
Ces moments-là avaient l’odeur d’un tabac amer,
et uniques – comme les mains de nos mères,
ils te porteraient, jusqu’aux étoiles.

Eleni Cay, Frémissements d’un papillon en ère numérique, 2015

Titre original : Domov sú ruky…
Traduit du slovaque par Anna Franova

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Un commentaire sur “La maison c’est des mains”

  1. M . HERMY Christian

    dit :

    Avec ce poème c’est un retour sur le passé, sur l’enfance, qui nous est proposé, cet enfance dont on ne guérit jamais, tant elle marque de son empreinte nos jeunes âmes. La contemplation de la mer, comme de toute vaste étendue, nous impressionne, l’immensité des choses vient nous interpeller sur nos modestes existences, nos vies sont petites face à l’éternité du monde. Pour nous raccrocher à la vie, à la terre, d’anciennes sensations nous reviennent, comme la main rassurante qui nous emmenait sur les premiers chemins de nos vies… J’ai beaucoup aimé l’angle original de « cette prise de mots » sur ce beau papier poésie.

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