Cogitations

Esther Granek

Et s’usera le temps
au rythme des saisons.
S’useront mes printemps.
Et moi… je reste…

Je me voudrais marée
au rythme imperturbable.
Je me voudrais jetée.
Ou je me voudrais sable.

Et s’useront mes rêves.
Et s’usera ma joie.
S’useront mes combats.
Et s’usera ma sève.

Je me voudrais étang
à surface de moire
où les aubes et les soirs
se mirent infiniment..

S’usera ma gaieté.
S’useront mes attentes.
S’useront mes projets.
S’useront mes tourmentes.

Je me voudrais le vent.
Je me voudrais la mer.
Je me voudrais le temps
au rythme de la terre.

S’useront les images
qu’on garde au fond de soi.
Et s’useront les pages
qu’on se fit pas à pas.

Alors tel un vieux loup
au bout de son chemin,
je me voudrai caillou
au rythme de plus rien !

Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981

Imprimer ce poème

2 commentaires sur “Cogitations”

  1. Chloé

    dit :

    Berçant,
    Comme la houle…
    Mais effrayant quand on lève le couvercle.

  2. Nolwenn11111

    dit :

    Poème très inspirant qui décrit à merveille les désillusions de la vie, et le temps qui passe, inéluctablement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *