La Coupe

Théodore de Banville

Le poëte en sa coupe, orgueil du ciseleur,
S’enivre, et boit le vin amer de la douleur.
Puis, après avoir bu le vin, il boit la lie
Où dorment la tristesse et la mélancolie.
Et puis, après la lie encore, tout au fond,
Dorment en un flot noir l’accablement profond
Et l’inutile amour de l’Idéal qui lève
Son front chaste, et l’horreur effrayante du rêve.
Et comme, en regardant longtemps ce flot moqueur,
Le poëte qui sent se soulever son coeur,
A dans ses sombres yeux l’égarement d’Oreste,
La Muse lui dit: Mon bien-aimé, bois le reste!

Paris, le dimanche 5 septembre 1886.

Théodore de Banville, Dans la fournaise, 1892

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1 commentaires sur “La Coupe”

  1. HARIRECHE Larbi.

    dit :

    Un poème sublime.

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